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Petite épistémologie de la créativité - première partie

(Sous-titre provisoire: De la contrainte nécessaire.) Une des choses qui font de l’Homme un être vraiment étonnant est sa capacité à in...

mercredi 28 décembre 2016

Ani-mal

Voici un post un peu fâcheux qui va à l’encontre des bons sentiments de circonstance en cette période de fêtes. Il s’agit une fois de plus d’une petite vidéo qui témoigne de notre rapport aux animaux. Les images ne sont vraiment pas agréables, c’est clair. Mais c’est pourtant comme ça que ça se passe. Et ce n’est pas un abattoir. Je vais me permettre de donner mon avis personnel sur cette question qui me semble vraiment très importante, à savoir, la façon dont on traite le vivant dans notre société qui se veut évoluée. Que ce soit les milliards d’animaux d’élevage menés à l’abattoir chaque année, ou ceux qui sont tués pour leur peaux, comme dans cette vidéo, que ce soit les arbres que l’on abat à tour de bras, ou bien les peuples qu’on laisse mourir sous les bombes ou qu’on laisse mourir de faim, il est quand même bien difficile de croire que nous respectons le vivant. Or, il y a une citation qui dit, de façon très pertinente à mes yeux, que le degré d’évolution d’une société se mesure à l’aune de la manière avec laquelle elle traite les animaux, donc le vivant en général (au-delà de nos semblables humains, tant il semble acquis qu'une société évoluée ne tolère pas la mise à mort de ses propres congénères, mais passons). Cette citation fait partie des milliers de citations bien tournées qu’on lit un peu partout sur le web, qui suscitent vite fait un acquiescement mental et puis qu’on oublie complètement quand on est devant la vitrine d’une boutique de fringues ou devant le rayon boucherie d’un supermarché. Personnellement, je ne comprends pas comment on peut se vanter de notre avancée technologique, de notre développement esthétique, de notre raffinement occidental, gastronomique, vestimentaire, urbain, intellectuel, etc… quand on sait que le socle sur lequel repose notre « richesse » est une industrialisation hypermassive de la mort. Mon propos, ici, n’est pas de susciter la colère ou d’entretenir l’impuissance ou la victimisation, toutes trois hypermassives elles-aussi, surtout en France où on est les champions de la victimisation, mais plutôt d’encourager un « dessillement » que je voudrais, pour le coup, hypermassif… Qu’on prenne conscience. Je ne pense pas exagérer quand je compare notre façon industrielle de traiter le vivant à la façon dont on a exterminé des millions d’êtres humains pendant la seconde guerre mondiale dans des chambres à gaz. Le nœud du problème, pour moi, c’est l’industrialisation. Ce procédé massif repose forcément sur l’inconscience, nourrie elle-même par une opacité sur le fonctionnement dudit procédé. On ne tue plus un animal en conscience et dans le respect, comme on pouvait le faire jusque dans les années 50 et comme cela se fait encore ici et là, mais on en tue des milliards sur des chaînes de montage. On abat les arbres par milliers à la cadence d’un essuie-glace. On jette près du tiers de ce que l’on cultive sous pesticides, enfin bref. La nature et le vivant sont réifiés, chosifiés, exploités, comme du plastique, sacrifiés sur l’autel de notre toute- puissance rationnelle, habillée d’une blouse blanche dans les couloirs aseptisés des laboratoires et des centres de recherche. On piétine la vie. On la dissèque, on la synthétise. On la fait en mieux. Pour l’exemple, je voudrais citer un fait qui me touche de près et qui concerne l’herboristerie : en 1941, on a supprimé le diplôme d’herboriste en France car on jugeait dépassé le fait de se soigner par les plantes… Aujourd’hui, il est illégal d’être herboriste. La pharmacie est devenue seule légitime en la matière. La science, qui se voulait à l’origine être connaissance inconditionnelle du vivant, est devenue majoritairement exploitation du vivant. Heureusement cependant que certains scientifiques restent fidèles à leur vocation originelle.


L’industrialisation repose sur l’inconscience, le détachement, la rupture du vivant. Il est temps de déssiller, oserai-je dire. Alors le dire, me direz-vous, c’est bien beau, mais que faire ? Concrètement ? Eh bien encore une fois, c’est par notre consommation responsable que nous pouvons agir. TOUT REPOSE SUR NOUS, LES CITOYENS. Il ne s’agit pas de devenir végétarien ou végan, absolument, mais de développer notre responsabilité, de cesser d’être dans le déni et la facilité qu’entretiennent les médias mainstream comme la télé et notre éducation. Il s’agit de consommer moins et consommer mieux, sur la base d’une information qu’on accepte de prendre en considération et d’intégrer profondément et quotidiennement, aussi dure que soit cette information, même si elle bouleverse notre confort mental, sans succomber pour autant au sentiment d’impuissance et de dégoût que cette information est susceptible d’engendrer. La solution existe et elle réside dans les termes «consommer local, naturel, de saison, et avec modération », que ce soit pour l’alimentation, les fringues, les babioles ou que sais-je. Chaque acte de consommation devrait répondre à la question : qu’est-ce que je cautionne en achetant cela ? Pensez aussi que tout ce qui relève des nouvelles technologies repose sur l’exploitation de ressources minières très rares et précieuses. Les scientifiques dénoncent tous les jours les méfaits causés par l’utilisation outrancière des écrans et des technologies sans fil, en tartinant des lignes sur le délitement du lien social que cela engendre, sur le ralentissement du développement cognitif chez les enfants, etc… Les méfaits de la sédentarité causés par notre engouement pour le moindre effort rendu possible par ces mêmes technologies qui nous font miroiter une sorte de puissance. Mais nous ne sommes pas puissants. Nous sommes inconscients et nous passons à côté de l’essentiel. La consommation de masse et les concepts surfaits de croissance et de richesse ont annihilé notre capacité naturelle d’empathie envers tout le vivant non-humain, empathie qui se trouve canalisée dans les séries télé, au mieux, quand elle n’est pas tout bonnement étouffée sous les élans d’un égo narcissique que notre éducation nourrit démesurément en nous faisant croire que c’est en devenant quelqu’un de socialement établi dans le système qu’on a « réussi », que c'est en portant un sac Louis Vuiton ou un montre Rolex qu'on est un humain de valeur. On ne veut plus « s’écouter » car tout ce qui vient de nous, de notre spontanéité émotionelle sont des atermoiements primitifs qui nous éloignent de la réalité, des rêves d’enfants, des utopies, des folies, et l’on devient prétendument réaliste en tuant notre élan intérieur. Le plus beau doigt d’honneur qu’on puisse faire à cette société meurtrière, c’est de choisir de devenir soi, de reprendre les reines de son existence, de mettre de la conscience dans ses actes de consommation, de recouvrer sa souveraineté, de dire non à tout ce système, silencieusement avec son porte-feuille, de dire non haut et fort en partageant les informations qui nourrissent la prise de conscience, de développer des relations humaines avec ses collègues et ses amis qui soient sincères quitte à perdre la face auprès de certains, dans la bienveillance, dans la conscience, dans le respect de ses convictions, d’être cohérent entre ses pensées et ses actes, au quotidien. Beaucoup de mes amis et même ma famille proche sont, comment dire, parisiens ou dans le système, et ils doutent profondément du fait que les choses puissent changer. Ils sont défaitistes, faiblement enjoués de temps à autres, et ils s’interdisent d’être joyeux quand ils pourraient l’être car tout est trop moche et triste, et c’est trop tard, on peut rien faire, qu’ils disent. Mais beaucoup de mes amis sont de l’autre côté et voient quotidiennement que les choses changent à une vitesse inespérée, notamment parce que leurs sources d’information ne sont ni la télé ni la radio. Alors peu importe votre optimisme ou votre pessimisme, les choses bougent et elles vont s’accélérer dans le bon sens. Ce qui importe, c’est de déssiller, d’agir, de changer un peu sa façon de vivre au quotidien en acceptant de croire, au-delà du sentiment d’impuissance qu’on ressent forcément aujourd’hui, que ça peut changer, même si on ne voit rien. Chaque acte de consommation consciente et responsable a un impact beaucoup plus important que le fait de voter aux élections. On consomme plusieurs fois par jours et on ne vote qu’une ou deux fois de temps en temps… Les politiques sont beaucoup plus impuissants que nous, population. Il faut bien le comprendre, ça. La consommation est l’acte politique par excellence. Peu importe les discours et les mesures politiques. On peut choisir de soutenir, même à demi mot celui qui y croit pour dix, en achetant chez le producteur local qui veut bien faire, même s’il nous vend des betteraves et qu’on aime pas ça, ou bien on peut choisir de dénigrer ces producteurs et de rester dans nos schémas de consommation habituels en allant acheter des tomates en plein hiver à Carrefour, parce qu’on croit pas que quoi que ce soit puisse changer et parce que le progrès, c’est justement de pouvoir manger des tomates en plain hiver… Mais non, les amis. Le progrès, c’est pas ça. Le progrès se juge à l’aune des conséquences globales… Le respect du vivant, c’est le critère de l’évolution. La conscience et la souveraineté de nos actes, c’est le critère du véritable progrès. C’est notre consommation qui cautionne aujourd’hui la société que l’on veut voir advenir demain pour nos enfants. Une consommation consciente et responsable, modérée, locale, naturelle, respectueuse du vivant et de ses rythmes. La consommation, - ou la non-consommation ! - c’est notre arme la plus puissante. Puissions-nous l’utiliser tous de concert, juste pour voir ce qu’on est capable de faire, à notre niveau. Faisons-le juste pour voir. :)
Détermination, enthousiasme et protection du vivant. Réjouissons-nous car il y a beaucoup à faire et beaucoup à inventer. Et il n’est pas trop tard.
Regardez cette vidéo si besoin est, elle est dure mais elle illustre notre façon de concevoir le vivant, sur laquelle repose notre système. Ce n'est pas une exception, une atrocité isolée. LVMH reconnaît avoir travaillé officiellement avec la société vietnamienne ici dénoncée, jusqu'en 2014...

Agissons.

jeudi 8 décembre 2016

"Tout est amour", l'illusion New Age


Je souhaite apporter un petit éclaircissement sur ce qu’on appelle le New Age et qu’on identifie souvent un peu trop rapidement à tout travail spirituel. A l’heure actuelle, il y a une forte ouverture au « bien-être » et à l’ « éveil des consciences » un peu partout dans notre monde capitaliste industriel et cette ouverture s’accompagne de nombreuses méprises, de dangers, d’abus. Ces abus nuisent fortement à l’image de la spiritualité, qui n’a rien à voir avec quelque niaiserie que ce soit, qui est un travail éprouvant, rigoureux, ( nécessaire oserai-je dire:) ) et dont je souhaite présenter brièvement la nature afin qu’on sache chacun de quoi on parle quand on parle de « travail spirituel » et discerner ce qui relève de cette espèce de mythologie New Age. Personnellement, j’ai moi-même considéré pendant des années que la spiritualité déconnectait de la réalité, et je restais totalement hermétique à tout message de paix éternelle, de joie fraternelle, d’amour inconditionnel, et de fleurs violettes. J'ai été hyper rationnelle jusqu'à il y a peu et je considérais la réflexion philosophique comme seule outil spirituel, parce qu'elle reposait sur un exercice de réflexion de la pensée organisée qui pour moi était la plus grande faculté dont disposait l'être humain. La philosophie était mon abreuvoir spirituel, alors même que l'exercice rationnel auquel je me prêtais consistais en grande partie à questionner la pertinence de la rationalité... Mais passons. Certains événements récents ont fait que j'ai choisi d'autres pistes de travail spirituel pour dépasser les limites auxquelles me confrontaient la réflexion purement intellectuelle. Ainsi, je me base sur ma propre expérience pratique et non-intellectuelle, sur mon propre travail alternatif, que j’ai confronté à l’expérience d’autres individus d’origines et de traditions différentes, notamment ces dernières années qui ont été très riches en prises de conscience. Mes propos n’engagent que moi.
C’est parti.

Vous êtes prêts ? Alors notez bien ceci : le travail spirituel, qu’on s’amuse à appeler aussi quête du bonheur, et autres intitulés fleuris new age justement, est un travail SUR SOI, sans besoin de PERSONNE, sans besoin d’AUCUN LIVRE, de rien, de rien et de Rien. Vous entendez une petite pointe d’autorité dans mon texte, presque de l’énervement, mais il s’agit surtout d’enthousiasme car là, dans ce que je viens de dire, qu’on n’a besoin de RIEN, tout est dit. Si vous comprenez cela, je peux clore ici mon article et plier bagage. Mais je vais développer un peu quand même.
La base de la base est d’établir une « connexion » entre la tête et le corps, qui, dans notre société, sont deux choses séparées. Là, il ne s’agit pas de juger, mentalement, si une telle connexion ou déconnexion est bonne ou mauvaise, comme le ferait un discours philosophique, mais il s’agit d’établir PRATIQUEMENT cette connexion. Pour cela on a besoin de deux choses, contrairement à ce que je déclamais plus haut : on a besoin de SOI et de 5 minutes de temps, minimum. Par jour.
La spiritualité, c’est une PRATIQUE et non un DISCOURS, encore moins une IDEE. La spiritualité n'est pas intellectuelle. Autrement dit, la sagesse n'est pas rationnelle.
C’est une pratique personnelle, une rencontre avec soi. Une connexion du corps et de la conscience.
La base de cette pratique c’est la RESPIRATION.
Et comme c'est une PRATIQUE, je vais vous donner simplement le mode opératoire.

On s’assoit sur une chaise, un fauteuil ou au bord de son lit. Sans croiser les jambes, les pieds à plat sur le sol, les bras ballants de chaque côté, les mains posées sur les cuisses, le dos raisonnablement droit, sans forcer la posture, on s’assoit donc NORMALEMENT.

Rien qu’en faisant cela, on a été placer sa conscience dans ses pieds, dans son dos et dans ses mains. On peut aller dans les cervicales et tourner légèrement la tête comme pour enlever quelques tensions. On pose sa conscience dans ces parties de son corps. On peut fermer les yeux. On va placer son attention sur sa respiration. C’est là que le gros de l’affaire commence. On va OBSERVER cette respiration. Sans aucune intention de la modifier et, plus dure encore, sans la juger, sans commenter intérieurement « Je respire fort, trop vite, je remplis pas assez mes poumons, je devrais…. » STOP. Tu te tais car tu ne sais pas. Observe, écoute, découvre ta propre respiration. S’effacer de la sorte, faire taire le « je » est un exercice qui n’est pas évident pour tout le monde. On va regarder comment se passe notre respiration. L’inspiration : est-elle longue, profonde, sonore ou silencieuse ? Quelle partie de mon corps bouge quand j’inspire : la cage thoracique, les épaules, le ventre, est-ce que je sens l’air dans mes narines et dans ma gorge ?

On découvre. Pareil pour l’expiration, on observe. Entre l’inspire et l’expire, le passage est-il fluide, perceptible ? Est-ce que je reste en apnée une seconde, deux secondes ? 

Voilà, on peut déjà passer un certain temps à observer car il y a beaucoup à voir.

Une autre étape de l’exercice consiste ensuite à modifier sa respiration. Inspirer sans bruit, très lentement, et « placer sa respiration dans son ventre », la faire descendre. On remplit le ventre à l’inspire, l’inspire se fond dans le vide avec fluidité, on ne la coupe pas brutalement quand on arrive à son terme, l’expire commence ensuite le plus doucement possible. On essaie de sentir une continuité entre l’inspire et l’expire, dans la douceur et la lenteur. On sent son ventre se gonfler et se dégonfler, et si on a bien fait son travail ( je vous charrie un peu), on devrait certes bailler plusieurs fois, mais aussi sentir quelque chose qui s’apparenterait à de la bienveillance, quelque part au niveau du coeur. Je dis cela je ne dis rien.

Une autre étape de l’exercice que je vous propose, puisque vous êtes demandeur, après avoir placé la respiration dans son ventre, c’est de « poser son sourire dans son ventre ».

Avant de juger de ce que peut être la spiritualité, de la déprécier, de l'intellectualiser, avant de se jeter sur un livre ou sur des cours de yoga, il suffit de respirer, d’observer.

Cela paraît infiniment anodin, voire « trop facile », tellement facile qu’on serait presque déçu de voir que tout le travail ne consiste qu’en cela. Or, si chacun s'exerçait régulièrement à calmer ses pensées (c’est ce qui se passe d’office quand on place son attention sur sa respiration), à entrer en soi aussi simplement que cela, et bien beaucoup de choses seraient différentes en ce bas monde. Mais force est de constater qu’on aime bien que les choses soient compliquées afin de trouver des excuses pour ne pas les faire ou des technologies pour les faire à notre place. Là, faut s’y coller, sans personne, sans aide, juste le faire, tous les jours si possible, plusieurs fois par jour, et pourquoi pas une heure par jour, soyons fous.

Élément crucial que je vous donne maintenant : on ne fait pas un travail tel que le petit exercice que je vous ai proposé en attendant quoi que ce soit de ce travail. Il n’y a rien à attendre et il est indispensable de se détacher des résultats. Le gros du travail en effet consiste à faire ce travail "pour rien". Juste pour "se trouver", quoi qu'on trouve. On peut faire des choses gratuitement, où le « je » n’a rien à gagner (et tout à perdre en fait), tandis que le « soi » a tout à gagner. Il existe une loi universelle qu'on découvre assez tôt quand on commence un travail spirituel, c'est que le "Je" a très souvent peur, alors que le "soi", très profondément enfoui, "aime"... Le "soi" n'a pas peur... Mais ça, je vous laisse le découvrir. Découvrir le "soi", découvrir déjà qu’on a un "soi",  qui est en nous et qui n’est pas le « je » auquel on s’identifie, eh bien c’est une expérience à vivre qui est très forte. Le fait de se détacher des résultats, d'être sans attente, c'est déjà une forme de libération, c'est un détachement de l'égo, du "je" personnifié. Ce qui fait plus de place pour le Soi. C'est mathématique ;) 
Bref.

Dialoguer avec ce soi, dans un travail d’écoute de son intériorité et d’effacement de l’intention, du jugement et du « je », est un travail de toute une vie, quotidien, et un travail spirituel n’est rien d’autre que cela : se connaître. Connaître son soi. Devenir qui on est. Autrement dit, rabattre le caquet de l’égo. Voilà. On retrouve quelques jolies tournures qu’on trouve dans les bouquins de développement personnel, elles sont vraies, mais pas besoin d’acheter de bouquins. Ce n’est pas la lecture qui fait prendre conscience, c’est L’EXPERIENCE et la PRATIQUE. Dans le silence et la solitude.
Contrairement au "je", qui est intimement lié à la matière, à l'intellect, la rationalité, - instruments indispensables pour mesurer notre environnement physique-  le "soi" est relié à autre chose d'immatériel, d'invisible, et de bien plus vaste que la matière. Pour vous donner une idée, le ratio visible/ invisible est de 2% de visible pour 98% d'invisible, avec un invisible infini...

Ensuite, quand on commence à se connecter à ce qu'on est, à son corps, à son intérieur, qu'on rentre chez soi, je ne vous cache pas qu’il se passe des choses, après un certain temps. C’est différent pour chacun, mais il se passe toujours quelque chose. Et là, ce que je vais dire est important et il faut bien le garder à l’esprit :

- il est normal de ne pas comprendre ce qui se passe, au début, ( par exemple des ressentis légers ou forts qui nous traversent sans raison apparente). Ce sont des choses de notre intérieur profond et inconscient qui remontent et leur sens se précise dans le temps.

- il ne peut rien nous arriver que nous ne soyons capables de « gérer », supporter, etc. Et ce que nous vivons est ce que nous avons besoin de vivre pour avancer à une période t. Parfois on peut se sentir destabilisé, voire carrément mal, c’est un fait, c’est normal et il n’y a aucune raison de céder à la panique ou au découragement, ou de tomber dans un jugement dépréciatif, « je n’ai pas la force de…, je n’aurai pas le courage, c’est pas pour moi, etc » STOP. Les blessures non guéries,  que ce soient des deuils, des traumatismes, remontent à la surface d’une façon qui est « la bonne » pour nous, afin que nous puissions les voir et les dépasser, ou les apprivoiser. Nous en sommes parfaitement capables. C’est une étape incontournable dans la connaissance de soi. Notre corps SAIT et si on le laisse faire, il fera sortir ce qui a besoin de l’être (au lieu de le transformer en maladie).

- et surtout : jamais PERSONNE ne peut comprendre à notre place, aucun spécialiste, aucun thérapeute, aucun gourou. On peut avoir besoin d’une aide ponctuelle et se tourner vers une energéticienne, une kinésiologue, un psychothérapeute, qui aidera à faire sortir les choses mais qui ne les fera pas disparaître. C’est la prise de conscience qui calme une blessure. La conscience opère comme un faisceau de lumière qui balaie un coin sombre. Une fois qu’on voit ce qui y est, on peut commencer à faire quelque chose. On ne subit plus les conséquences « invisibles » de cette blessure. C’est une façon de recouvrer la souveraineté de sa personne et d’être responsable, en sachant bien que ce n’est pas le Je qui gouverne, mais le Soi. D’où l’importance d’être à l’écoute de ce Soi et de faire taire le Je.

Voilà . Je vous donne quelques exemples de ce qui peut se passer quand on commence à s’intéresser à ce qu’est un être humain, en commençant donc par soi, par le souffle et la spiritualité n’est rien d’autre que cela.

Le travail sur le souffle qui, je le répète est le premier travail à faire, qui est le départ de toute méditation pour ceux qui sont amenés à aller plus loin, est absolument fondamental pour une autre raison. Il permet ce qu’on appelle l’ancrage et sans ancrage, il n’y a aucun véritable travail spirituel possible.

S’ancrer, c’est s’enraciner. C’est garder les pieds sur terre. On ne peut pas avoir de prises de conscience, donc élargir sa conscience si, de façon symétrique, on ne fait pas un travail sur le corps. Il existe plein de façons de s’ancrer et « respirer dans son ventre » est la première de toutes. Etre au contact de la nature en est un, comme marcher en forêt, soigner son alimentation en est un autre et pas des moindres, et il existe des exercices de visualisations tout bêtes, comme par exemple, imaginer, sentir, voir son dos devenir un arbre, puis imaginer, sentir et voir des racines qui partent de la plante des pieds pour plonger dans la terre, se multipliant, s’entrecroisant, se démultipliant, se mêlant aux racines d’arbres voisins, et plongeant toujours plus loin dans la terre, jusqu’à son centre. Imaginer, sentir et voir ensuite la sève remonter dans nos racines, lentement, dans tout le réseau de nos racines, croisant les racines des arbres voisins, sentir cette sève entrer dans notre corps par la plante des pieds et monter en soi…

Les exercices de visualisations qui semblent simples et anodins font beaucoup plus que le « je » ne peut en juger. Il ne faut pas les négliger. Nous ne savons pas comment fonctionne l'esprit, et ce qui semble simple, anodin, sans conséquence, est peut-être infiniment plus complexe qu'il n'y paraît.

Le New Age fait souvent l’impasse sur l’ancrage. Ainsi les gens manquent de discernement et boivent des « vérités » dont ils ne savent d’où elles viennent. Ils veulent vivre des expériences fortes, fuir la réalité, que sais-je. La spiritualité, ce n'est pas FUIR, mais se CONFRONTER. Ca demande du courage et de la responsabilité.
C'est affronter ses peurs les unes après les autres. Mais pas les peurs dont on a conscience et qui ne sont que les parties émergées de notre conscience, les peurs enfouies dans notre inconscient et qui peuvent être bien plus noires qu'on ne pourrait l'imaginer. Sauf que, et c'est bon à savoir, toutes les peurs sont des illusions... Des nuages de fumée noire qui disparaissent d'un coup dès lors qu'on les identifie, qu'on les regarde en face. Toutes. Il n'y a pas d'exceptions. C'est vrai. C'est aussi simple que cela. Il faut du courage et c'est tout. Et qui dit courage dit coeur, et en effet, ce qui vient du coeur est plus puissant que ce qui vient de l'égo et de la peur. Mais rien ne vaut le fait de découvrir cela par soi-même.

Cela dit, tout travail spirituel s'accompagne nécessairement d'un travail d'ancrage. Un arbre sera d'autant plus haut, grand et large qu'il aura des racines puissantes et profondes puisant dans la terre la force de s'élever. 
L’ancrage, qui se travaille régulièrement, qui n’est jamais acquis – faut pas rêver- permet de garder les pieds sur terre, d’aiguiser le discernement, d’affiner un petit curseur intérieur qu’on peut appeler intuition, qui n’est pas un jugement conditionné du « je » et qui vient de bien plus profond. C’est ce discernement qui nous permet de sentir la résonance de certains propos qu’on pourra lire ou entendre. Discerner ce qui est juste pour soi et ce que ne l'est pas. Le discernement, ce n'est pas la raison. C'est autre chose et parfois, c'est insensé.
Cependant, il faut FAIRE CONFIANCE à son discernement. C’est un principe indiscutable. Il faut développer cette confiance en son discernement, et cela prend du temps, mais c’est un des apports principaux du travail spirituel. Personne ne peut savoir mieux que nous qui nous sommes. 
Cela n’empêche évidemment pas la pratique en groupe, entre amis, ni de bénéficier de la guidance de quelqu’un sur un temps, le temps d’intégrer une information ou de développer une perception, nettoyer un parasitage, etc. Parce que parfois, il peut y avoir un décalage énorme entre notre ressenti profond et ce que nous dit notre mental, qui va juger ce ressenti comme une abérration, et il n'est pas exclu qu'on se perde entre raison et ressenti. On a toujours besoin des autres...  Avec discernement.

Quand on entend dire que « tout est amour », avant de se moquer de ce genre d’assertion ou avant de se jeter dessus à la hâte, il faut se taire et respirer. Revenir à son corps, rentrer à la maison, allumer la lumière dans toutes les pièces. S’effacer, se découvrir, apprendre à s’accepter tel que l’on est, sans juger, avec sa noirceur, ses casseroles, ses faiblesses, ses qualités, sa naïveté, que sais-je, s’accepter tel que l’on est, sans se prendre ni pour moins que ce que l’on est, ni pour plus. 

A ce stade, on est au tout début d’un travail spirituel. Le voyage que l’on peut être amené à entreprendre ensuite est imprévisible, surprenant, infini, passant par des bribes de vies antérieures, amenant à développer des perceptions extrasensorielles et contacter l’invisible, (ce qui n’a rien d’exceptionnel et qui est au contraire normal, qui fait partie de notre patrimoine à chacun) mais toujours, la spiritualité nous ramenera sur terre, ici, dans notre corps auprès des gens qui nous sont chers car c’est avant tout ici que l’on est, dans cette réalité, et c’est dans cette réalité que toute existence doit être menée, en soignant son corps, en pratiquant son corps, par la technique et l’expérimentation. Ce quel que soit son niveau de conscience.

La spiritualité c’est une technique qui nous permet de devenir fondamentalement qui on est. On n’a besoin de rien pour y parvenir. Que de bonne volonté. La spiritualité, ce n’est pas le contenu du voyage ou de l’expérience méditative, qui est toujours relatif à la personne et à un « moment », que personne d’autre que soi-même ne pourra interpréter, rmais c’est l’ensemble de règles simples à suivre qui permettent cette expérience . Respiration, ancrage, détachement des résultats, confiance en son discernement, confiance en son Soi.
Plus tard encore on pourra voir qu’il y a des règles dans la Vie, comme le libre-arbitre, la loi de l'un ou la loi de l’attraction, ou le fameux « tout est amour », car c’est vrai, tout est amour, mais cette phrase n’a rien à voir avec ce que le sens commun comprend. L’amour est une science vraiment complexe, une vibration très élevée, qui n’a rien de naïf, qui est bien au-delà du bien et du mal, et qui commence dans le souffle. La respiration. Le courage, la confrontation. Puis qui passe par la conscience et la lumière, la connaissance du Soi.