Voici un post un peu fâcheux qui va à l’encontre des bons
sentiments de circonstance en cette période de fêtes. Il s’agit une fois de
plus d’une petite vidéo qui témoigne de notre rapport aux animaux. Les images
ne sont vraiment pas agréables, c’est clair. Mais c’est pourtant comme ça que
ça se passe. Et ce n’est pas un abattoir. Je vais me permettre de donner mon
avis personnel sur cette question qui me semble vraiment très importante, à
savoir, la façon dont on traite le vivant dans notre société qui se veut
évoluée. Que ce soit les milliards d’animaux d’élevage menés à l’abattoir
chaque année, ou ceux qui sont tués pour leur peaux, comme dans cette vidéo,
que ce soit les arbres que l’on abat à tour de bras, ou bien les peuples qu’on
laisse mourir sous les bombes ou qu’on laisse mourir de faim, il est quand même
bien difficile de croire que nous respectons le vivant. Or, il y a une citation
qui dit, de façon très pertinente à mes yeux, que le degré d’évolution d’une
société se mesure à l’aune de la manière avec laquelle elle traite les animaux,
donc le vivant en général (au-delà de nos semblables humains, tant il semble
acquis qu'une société évoluée ne tolère pas la mise à mort de ses propres
congénères, mais passons). Cette citation fait partie des milliers de citations
bien tournées qu’on lit un peu partout sur le web, qui suscitent vite fait un
acquiescement mental et puis qu’on oublie complètement quand on est devant la
vitrine d’une boutique de fringues ou devant le rayon boucherie d’un
supermarché. Personnellement, je ne comprends pas comment on peut se vanter de
notre avancée technologique, de notre développement esthétique, de notre
raffinement occidental, gastronomique, vestimentaire, urbain, intellectuel,
etc… quand on sait que le socle sur lequel repose notre « richesse » est une
industrialisation hypermassive de la mort. Mon propos, ici, n’est pas de
susciter la colère ou d’entretenir l’impuissance ou la victimisation, toutes
trois hypermassives elles-aussi, surtout en France où on est les champions de
la victimisation, mais plutôt d’encourager un « dessillement » que je voudrais,
pour le coup, hypermassif… Qu’on prenne conscience. Je ne pense pas exagérer
quand je compare notre façon industrielle de traiter le vivant à la façon dont
on a exterminé des millions d’êtres humains pendant la seconde guerre mondiale
dans des chambres à gaz. Le nœud du problème, pour moi, c’est
l’industrialisation. Ce procédé massif repose forcément sur l’inconscience,
nourrie elle-même par une opacité sur le fonctionnement dudit procédé. On ne
tue plus un animal en conscience et dans le respect, comme on pouvait le faire
jusque dans les années 50 et comme cela se fait encore ici et là, mais on en
tue des milliards sur des chaînes de montage. On abat les arbres par milliers à
la cadence d’un essuie-glace. On jette près du tiers de ce que l’on cultive
sous pesticides, enfin bref. La nature et le vivant sont réifiés, chosifiés,
exploités, comme du plastique, sacrifiés sur l’autel de notre toute- puissance
rationnelle, habillée d’une blouse blanche dans les couloirs aseptisés des
laboratoires et des centres de recherche. On piétine la vie. On la dissèque, on
la synthétise. On la fait en mieux. Pour l’exemple, je voudrais citer un fait
qui me touche de près et qui concerne l’herboristerie : en 1941, on a supprimé
le diplôme d’herboriste en France car on jugeait dépassé le fait de se soigner
par les plantes… Aujourd’hui, il est illégal d’être herboriste. La pharmacie
est devenue seule légitime en la matière. La science, qui se voulait à
l’origine être connaissance inconditionnelle du vivant, est devenue
majoritairement exploitation du vivant. Heureusement cependant que certains
scientifiques restent fidèles à leur vocation originelle.
L’industrialisation repose sur l’inconscience, le détachement,
la rupture du vivant. Il est temps de déssiller, oserai-je dire. Alors le dire,
me direz-vous, c’est bien beau, mais que faire ? Concrètement ? Eh bien encore
une fois, c’est par notre consommation responsable que nous pouvons agir. TOUT
REPOSE SUR NOUS, LES CITOYENS. Il ne s’agit pas de devenir végétarien ou végan,
absolument, mais de développer notre responsabilité, de cesser d’être dans le
déni et la facilité qu’entretiennent les médias mainstream comme la télé et
notre éducation. Il s’agit de consommer moins et consommer mieux, sur la base
d’une information qu’on accepte de prendre en considération et d’intégrer
profondément et quotidiennement, aussi dure que soit cette information, même si
elle bouleverse notre confort mental, sans succomber pour autant au sentiment
d’impuissance et de dégoût que cette information est susceptible d’engendrer.
La solution existe et elle réside dans les termes «consommer local, naturel, de
saison, et avec modération », que ce soit pour l’alimentation, les fringues,
les babioles ou que sais-je. Chaque acte de consommation devrait répondre à la
question : qu’est-ce que je cautionne en achetant cela ? Pensez aussi que tout
ce qui relève des nouvelles technologies repose sur l’exploitation de
ressources minières très rares et précieuses. Les scientifiques dénoncent tous
les jours les méfaits causés par l’utilisation outrancière des écrans et des
technologies sans fil, en tartinant des lignes sur le délitement du lien social
que cela engendre, sur le ralentissement du développement cognitif chez les
enfants, etc… Les méfaits de la sédentarité causés par notre engouement pour le
moindre effort rendu possible par ces mêmes technologies qui nous font miroiter
une sorte de puissance. Mais nous ne sommes pas puissants. Nous sommes
inconscients et nous passons à côté de l’essentiel. La consommation de masse et
les concepts surfaits de croissance et de richesse ont annihilé notre capacité
naturelle d’empathie envers tout le vivant non-humain, empathie qui se trouve
canalisée dans les séries télé, au mieux, quand elle n’est pas tout bonnement
étouffée sous les élans d’un égo narcissique que notre éducation nourrit
démesurément en nous faisant croire que c’est en devenant quelqu’un de
socialement établi dans le système qu’on a « réussi », que c'est en portant un
sac Louis Vuiton ou un montre Rolex qu'on est un humain de valeur. On ne veut
plus « s’écouter » car tout ce qui vient de nous, de notre spontanéité
émotionelle sont des atermoiements primitifs qui nous éloignent de la réalité,
des rêves d’enfants, des utopies, des folies, et l’on devient prétendument
réaliste en tuant notre élan intérieur. Le plus beau doigt d’honneur qu’on
puisse faire à cette société meurtrière, c’est de choisir de devenir soi, de
reprendre les reines de son existence, de mettre de la conscience dans ses
actes de consommation, de recouvrer sa souveraineté, de dire non à tout ce
système, silencieusement avec son porte-feuille, de dire non haut et fort en
partageant les informations qui nourrissent la prise de conscience, de
développer des relations humaines avec ses collègues et ses amis qui soient
sincères quitte à perdre la face auprès de certains, dans la bienveillance,
dans la conscience, dans le respect de ses convictions, d’être cohérent entre
ses pensées et ses actes, au quotidien. Beaucoup de mes amis et même ma famille
proche sont, comment dire, parisiens ou dans le système, et ils doutent
profondément du fait que les choses puissent changer. Ils sont défaitistes,
faiblement enjoués de temps à autres, et ils s’interdisent d’être joyeux quand
ils pourraient l’être car tout est trop moche et triste, et c’est trop tard, on
peut rien faire, qu’ils disent. Mais beaucoup de mes amis sont de l’autre côté
et voient quotidiennement que les choses changent à une vitesse inespérée,
notamment parce que leurs sources d’information ne sont ni la télé ni la radio.
Alors peu importe votre optimisme ou votre pessimisme, les choses bougent et
elles vont s’accélérer dans le bon sens. Ce qui importe, c’est de déssiller, d’agir,
de changer un peu sa façon de vivre au quotidien en acceptant de croire,
au-delà du sentiment d’impuissance qu’on ressent forcément aujourd’hui, que ça
peut changer, même si on ne voit rien. Chaque acte de consommation consciente
et responsable a un impact beaucoup plus important que le fait de voter aux
élections. On consomme plusieurs fois par jours et on ne vote qu’une ou deux
fois de temps en temps… Les politiques sont beaucoup plus impuissants que nous,
population. Il faut bien le comprendre, ça. La consommation est l’acte
politique par excellence. Peu importe les discours et les mesures politiques.
On peut choisir de soutenir, même à demi mot celui qui y croit pour dix, en
achetant chez le producteur local qui veut bien faire, même s’il nous vend des
betteraves et qu’on aime pas ça, ou bien on peut choisir de dénigrer ces
producteurs et de rester dans nos schémas de consommation habituels en allant
acheter des tomates en plein hiver à Carrefour, parce qu’on croit pas que quoi
que ce soit puisse changer et parce que le progrès, c’est justement de pouvoir
manger des tomates en plain hiver… Mais non, les amis. Le progrès, c’est pas
ça. Le progrès se juge à l’aune des conséquences globales… Le respect du
vivant, c’est le critère de l’évolution. La conscience et la souveraineté de
nos actes, c’est le critère du véritable progrès. C’est notre consommation qui
cautionne aujourd’hui la société que l’on veut voir advenir demain pour nos
enfants. Une consommation consciente et responsable, modérée, locale, naturelle,
respectueuse du vivant et de ses rythmes. La consommation, - ou la
non-consommation ! - c’est notre arme la plus puissante. Puissions-nous
l’utiliser tous de concert, juste pour voir ce qu’on est capable de faire, à
notre niveau. Faisons-le juste pour voir. :)
Détermination, enthousiasme et protection du vivant.
Réjouissons-nous car il y a beaucoup à faire et beaucoup à inventer. Et il
n’est pas trop tard.
Regardez cette vidéo si besoin est, elle est dure mais elle
illustre notre façon de concevoir le vivant, sur laquelle repose notre système.
Ce n'est pas une exception, une atrocité isolée. LVMH reconnaît avoir travaillé
officiellement avec la société vietnamienne ici dénoncée, jusqu'en 2014...
Agissons.