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Petite épistémologie de la créativité - première partie

(Sous-titre provisoire: De la contrainte nécessaire.) Une des choses qui font de l’Homme un être vraiment étonnant est sa capacité à in...

mercredi 22 mars 2017

Hyper-sensibilité




Voici un article de l’INREES intitulé "Nos enfants sont-ils en train de muter" et qui parle d'hyper-sensibilité. Je vous propose de lire l'article dans un premier temps, ci-dessous, puis le petit échange que j'ai eu ensuite avec Thomas, un ami chercheur au Cnrs.





"Nos enfants sont-ils
en train de muter ?

Enfants précoces, autisme, hyperactivité, extra-sensorialité…
Les nouvelles générations semblent voir éclore de plus en plus
de personnalités atypiques. Est-ce vraiment le cas ?
De quoi sont-elles symptomatiques ?

Dans le service de pédopsychiatrie du Dr Lombard, arriva un jour un jeune garçon bon à l’école, mais qui se fichait de tout. Formé à la psychanalyse jungienne, le médecin le soumit à une vingtaine de questions existentielles. « Pourquoi vient-on sur Terre, quel est le sens de la vie ? » débuta-t-il. L’enfant sembla déstabilisé, mais il l’encouragea : « Ferme les yeux, va au fond de toi, prends ton temps, tu connais la réponse. » Au bout de quelques minutes, les yeux pleins de larmes, le garçon répondit : « Pour aimer. » Le Dr Lombard enchaîna : « Quand es-tu le plus heureux ? » Quand il jouait au basket. « Preuve d’un besoin de communion », analysa le médecin, qui poursuivit : « Si une très bonne amie de ta maman t’invitait deux mois en Italie, tu irais ? » Oui, « tout de suite », s’exclama l’enfant.

Ce dernier ne se fichait absolument pas de tout ! Ses centres d’intérêt étaient simplement plus élevés que ce dont le nourrissait son environnement quotidien. Pour le psychiatre, il était resté « connecté au Soi », c’est-à-dire à la globalité psychique de son être. « Chez ce type de personnalités, le goût de la découverte est plus fort que le besoin de sécurité, précise le médecin. Ils sont en recherche d’harmonie, d’information, de conscientisation. » Le Dr Lombard lui proposa de visiter son unité. « Elle accueille des jeunes de ton âge, entre 6 et 12 ans, lui expliqua-t-il. Certains se posent beaucoup de questions, ils sont là pour réfléchir et se reposer. » Le garçon accepta avec enthousiasme. « Il ne devait pas entrer à l’hôpital comme malade, mais comme soignant ! conclut en souriant le Dr Lombard. Il faut se méfier des étiquettes. Il suffit parfois de recréer du lien. Quand j’explique à ces enfants que nous appartenons à une conscience supérieure, ils cessent de se sentir des intrus. »




Une forme de porosité


Des jeunes connectés à leur Soi, le pédopsychiatre estime en rencontrer de plus en plus. Hypersensibles, dotés d’une vision globale des situations, ils ont souvent du mal à comprendre le monde dans lequel ils sont tombés, et peuvent très vite se sentir en décalage. « Depuis dix ans, j’en vois partout ! souligne le médecin. Parmi les six cents enfants dont je m’occupais à la fin de ma carrière en service hospitalier, au moins soixante étaient concernés – alors qu’ils étaient très rares il y a quarante ans. »



Comment expliquer qu’ils soient de plus en plus visibles ?

Avides d’harmonie, ils peuvent, face à une réalité sociale violente, intolérante et individualiste, devenir agressifs, se refermer ou déprimer. Etonnamment matures, ils sont aussi d’une grande insécurité. Leurs compétences cognitives déroutent, de même que leur sens aigu de la vérité, de la justice et de la cohérence. Intuitifs et réceptifs, ils répondent à des questions non formulées et résolvent facilement des problèmes, sans mettre de mots sur leur raisonnement. La tête dans la lune mais boulimiques de nouveaux apprentissages, ils s’ennuient souvent à l’école, confrontant autant leurs professeurs que leurs parents. Qui sont ces enfants ? Comment expliquer qu’ils soient de plus en plus visibles ? Pour la psychologue Jeanne Siaud-Facchin, spécialiste des surdoués, tout vient de la reconnaissance, depuis une quinzaine d’années, d’une forme d’intelligence atypique, plus axée sur les compétences du « cerveau droit » que sur celles du « cerveau gauche ». « Les apports des neurosciences montrent que la structure et le fonctionnement de leur cerveau sont différents », indique-t-elle. La densité de leurs connexions neuronales s’avère plus importante, tant au niveau du cortex préfrontal – la zone la plus aboutie de l’intelligence –, que du lobe pariétal, – la plaque de redistribution de l’information dans le cerveau. « D’où, sur le plan intellectuel, une immense rapidité d’analyse, de compréhension, de traitement et de mémorisation », note la psychologue.

Autre spécificité essentielle : l’hyper-connectivité de leurs hémisphères cérébraux, liée à une structure particulière du corps calleux qui les sépare, mais aussi l’engagement préférentiel du droit, y compris pour des tâches qui font habituellement d’abord appel au gauche. « D’où une approche plus globale, plus imagée, plus affective et plus analogique des choses, qui absorbe les informations par impression et se déploie en arborescence de manière fulgurante et intuitive », poursuit Jeanne Siaud-Facchin. Ce qui les dote d’un rapport au monde intense. « Les sens plus aiguisés que la plupart des gens, ils voient tout, entendent tout, ressentent tout », détaille la psychologue, et captent des signaux que personne d’autre ne perçoit, ce qui amène parfois à développer des capacités de visionnaires, ainsi qu’une compréhension subtile, souterraine, du monde et des gens.



Une plus forte capacité à ressentir les émotions d’autrui...

Le revers de la médaille ? Une énorme perméabilité affective. « Il a été montré qu’ils avaient une vulnérabilité particulière de l’amygdale, cette zone nichée au fin fond du cerveau archaïque dont la fonction est de décoder les émotions », souligne Jeanne Siaud-Facchin. Résultat : ce qui serait une broutille pour quelqu’un d’autre déclenche chez eux un cataclysme affectif. « Ils ont aussi des neurones miroirs en plus grande quantité, observe la psychologue, d’où une plus forte capacité à ressentir les émotions d’autrui. »





L’aube d’une nouvelle humanité ?


Empathiques, hyper-connectés à leur environnement, ils peuvent se sentir tout le temps envahis… Et déranger une société qui juge référent un fonctionnement plus linéaire, conceptuel et analytique. Que faire de ces drôles d’oiseaux qui « savent » sans pouvoir expliquer comment, qui mêlent une immense sensibilité à une lucidité acérée, qui déploient une énergie brouillonne qui peut passer pour de l’arrogance, qui captent inconsciemment des signaux que les autres ne perçoivent pas, et semblent avoir accès à des informations cachées ?

Pour la psychologue Marie-Françoise Neveu, qui accompagne depuis plus de trente ans des enfants qu’elles nomment « actuels », pour éviter de leur coller d’autres étiquettes, il s’agit d’abord de les accueillir tels qu’ils sont. « Des découvertes ont mis en évidence une réseau neuronal autour du cœur », souligne-t-elle. Pour elle, ces jeunes sont symptomatiques de l’émergence d’une intelligence émotionnelle, qui s’émancipe « de la dualité entre cerveau droit et cerveau gauche pour entrer dans une forme d’unité ». De son point de vue, ils sont aussi le signe d’une évolution de l’humanité vers une conscience plus globale, plus ouverte au sacré, plus en besoin de respect, de justice et de sens. « Il faut changer de regard sur ces enfants, poursuit-elle. Ils ne sont pas dysfonctionnant, ils ont juste des compétences particulières. » De même qu’il ne faut pas les mettre sur un piédestal ou les croire investis d’un « pouvoir », juste parce qu’ils font preuve d’une créativité fulgurante, ou de perceptions et d’intuitions hors du commun. « Oui, ils ont accès à d’autres dimensions. Oui, ils ont une approche du temps moins linéaire, plus centrée sur l’instant – ce qui peut entraîner des difficultés d’action. Oui, ils sont en phase avec une évolution vibratoire de l’Univers, estime-t-elle. Mais notre mission, en tant qu’adultes, n’est pas de les idéaliser ; simplement d’accepter leur particularité » et de faire la démarche de comprendre comment ils fonctionnent, afin de les accompagner au mieux, au regard de leurs besoins.



Ces jeunes sont symptomatiques de l’émergence d’une intelligence émotionnelle...

Jeanne Siaud-Facchin confirme : « Si l’enfant rencontre des difficultés, il faut les analyser à la lueur de son profil. Si l’on part du principe qu’il est paresseux, pas motivé, opposant et qu’il en n’en fait qu’à sa tête – ce que ces êtres atypiques entendent souvent, de la part de leurs enseignants ou de leur entourage –, on le maltraite. » Au lieu de l’aider, on l’enfonce, on l’empêche de s’épanouir. Il risque de se braquer, de rejeter l’ensemble de règles. Mais si on reconnaît sa différence, on peut la prendre en compte pour ajuster la réponse… sans forcément, bien sûr, tout expliquer par ce prisme. « S’il sent qu’il a une place, qu’il est reconnu, l’enfant pourra, lui aussi, faire l’effort de s’adapter au système », estime la psychologue.

« L’essentiel est de veiller à ne pas leur forger de fausse personnalité, commente le Dr Lombard.Il ne faut rien induire, simplement écouter et recevoir, pour qu’ils se sentent compris. Tout l’art est de les mettre en situation d’auto-thérapie. Lorsqu’ils sont dans le Soi, les enfants savent mieux que quiconque ce dont ils ont besoin. » Bien sûr, chaque cas est complexe, particulier. Plus on agira en anticipation plutôt qu’en réaction, plus on pourra compter sur des institutions scolaires qui ne cherchent pas à faire entrer tout le monde dans le même moule, plus il existera des réseaux de soutien et de diffusion de l’information à destination des parents, plus il sera possible de saisir tout ce que ces enfants peuvent apporter. « A mon sens, il faut regarder ces personnalités atypiques dans une perspective évolutive, conclut Jeanne Siaud-Facchin. Leur donner plus de place pourrait considérablement faire avancer l’humanité. »

Fin de l'article.


Discussion :)

Thomas : Le "très bon article" me semble un peu exagéré... Le premier paragraphe est une jolie histoire, ok, et il y a pas mal de choses intéressantes, mais invérifiables. Mais déjà j'aimerais bien savoir sur quoi l'auteur se base pour dire que "les nouvelles générations semblent voir éclore de plus en plus de personnalités atypiques". Les enfants précoces ont toujours existé, les hyperactifs aussi, et il y a encore un gros doute sur l'augmentation des cas recensés d'autisme (uniquement dûs à de meilleurs diagnostiques et reclassification d'autres troubles dans cette case ?). Ensuite il y a le terme "muter" dans le titre qui sort de nulle part, et des phrases sans aucun sens, du genre "ils sont en phase avec une évolution vibratoire de l’Univers", qui enlèvent beaucoup de crédibilité à l'ensemble, qui aurait pu être intéressant si un peu plus rigoureux.

Au passage, l'extra-sensorialité n'apparaît nulle part à part dans le chapeau.

Shantée : Je comprends ton scepticisme et il est vrai que je ne suis pas très objective sur le sujet, mais plutôt enthousiaste... Bien sûr, beaucoup de choses sont "invérifiables" d'un point de vue scientifique, car la science se fonde sur un principe de causalité qui est linéaire d'une certaine façon, donc pour des gens qui ont une perception non-linéaire des choses, une intuition hors du commun, une perméabilité à d'autres dimensions, ou même une perception multidimensionelle simultanée... comment prouver l'existence de ces réalités si ce n'est, approximativement, par des imageries cérébrales qui ne pourront pas vraiment montrer grand chose...? Je trouve déjà très bien qu'on reconnaisse l'existence de ces formes d'hyper-sensibilités, après, quant-à les prouver scientifiquement, ça me paraît impossible...

Thomas : Quand je disais invérifiable je voulais dire que ça manque de références pour approfondir les différentes affirmations, citations etc. Ensuite je vois l'approche scientifique comme essentiellement arborescente plutôt que linéaire... Ensuite je trouve fascinant de se poser la question de ce qu'est l'intuition, sans laquelle la science ne serait d'ailleurs pas grand chose, mais je trouve que l'intuition n'est pas grand chose quand on ne fait pas l'effort de confronter ces intuitions à la réalité, à ce qui est connu, essayer de les mettre en forme, voir si ça tient la route, etc. C'est ça l'essence de l'évolution de la connaissance à mon sens. Balancer des intuitions à tout va ne mène nulle part... Il n'y a qu'à voir les Bogdanov pour prendre un exemple connu dans le domaine des sciences dites "dures".

Je voulais aussi dire qu'il est tout à fait possible qu'on ait de plus en plus de gamins très intelligents, mais je trouve aussi cela très intéressant d'explorer de possible raisons pragmatiques : enfants qui mangent à leur faim, sont peu malades, sont stimulés intellectuellement, qui ont un accès presque illimité à l'information... Quant à la sensibilité, est-ce que ça serait pas juste qu'on vit dans une société qui permet plus qu'avant à cette sensibilité de s'exprimer ?



SB: C’est un gros débat que voilà… Pour ma part, je ne peux qu’admettre que je ne suis pas tout à fait d’accord…

Tu parles d’ « approche scientifique essentiellement arborescente plutôt que linéaire » : oui, c’est précisément cela. Mais être arborescente ne l’empêche pas d’être linéaire au sens où je l’entends : on lie des faits par des liens de causalité, cela reste réticulaire et le tout s’inscrit nécessairement dans l’espace et le temps, sorte de prisme tridimensionnel. La science ne peut pas sortir de ce cadre, c’est la base essentielle de toute démonstration que d’incarner le principe de causalité, en plus d’être reproductibles. Mais il y a des phénomènes qui ne sont pas explicables rigoureusement, ou rationnellement, parce qu’ils ne sont pas reproductibles, pas visibles à travers les perceptions usuelles, pas préhensibles rationnellement, alors est-il légitime de nier leur existence pour autant ? Leur appartenance à la réalité ?

Ensuite, tu évoques le fait de « faire l’effort de confronter ses intuitions à la réalité, à ce qui est connu, pour voir si ça tient la route » : c’est un peu compliqué de faire tenir des intuitions ( des perceptions) qui contredisent fondamentalement ce qui est officiellement connu . Je pense que le problème vient du fait qu’il existe plusieurs types d’intuition. Il y a celles qui émanent directement du Soi, dont il est fait mention dans l’article, ce Soi auquel certaines personnes, certains enfants sont connectés ou se reconnectent progressivement ; et puis il y a des intuitions qui sont formatées par des conventions inconscientes, et même si ces intuitions émanent elles aussi du Soi, tant que la personne n’est pas consciemment connectée à ce Soi, ces intuitions ne peuvent être perçues dans leur entièreté et sont sources alors de mauvaises interprétations. Et effectivement, il vaut mieux se méfier de ces intuitions et les travailler, les confronter, etc. Une intuition, au sens où il est fait mention dans l’article, n’est pas une « idée » mais un ressenti perçu avec un degré de réalité très fort, et on peut très rarement mettre des mots dessus, encore moins l’expliquer. C’est complètement irrationnel. Il y a une vraie imperméabilité entre une intuition et une explication rationnelle de cette intuition… C’est donc très compliqué… !

Dans l’article, il est fait mention non pas d’intelligence, mais d’intelligence émotionnelle et c’est ce second terme qui est important. Il s’agit d’hyper-sensibilité qui est une forme d’extra-sensorialité, et qui se manifeste de plein de façons souvent jugées « anormales » : hyper-émotivité, mutisme, inattention, rêverie, immaturité, idéalisme, etc, et très souvent, les personnes de ce genre souffrent énormément. Elles sont en décalage irréductible avec le monde qui les entoure et souffrent, se sentent différents, incompris et culpabilisent énormément. Ils tombent très fréquemment dans les dépendances de tout genre, affective, drogues, alcool, et sont souvent sujets à la dépression. Il est extrêmement difficile de supporter de voir des choses que personne autour de soi ne voit, et d’être pris pour un débile, un gars bizarre. Parce que ce qu’on voit, ce qu’on perçoit, ce qu’on sait intuitivement, semble ne pas exister pour les autres autour de nous. On se fait beaucoup de mal et on s’auto-dénigre énormément.

Tu dis ensuite que si nous voyons plus de sensibilité chez les enfants, ce serait parce que l’on vit dans une société qui permet davantage d’exprimer cette sensibilité… Mes amis clowns à l’hôpital qui interviennent auprès des services pédopsy (où l’on admet des enfants en court séjours, en non en long séjour comme en oncologie), et bien ces clowns constatent tristement une augmentation exponentielle, je dis bien exponentielle !- du nombre de tentatives de suicide chez les 13 – 17 ans…. Ce n’est pas là le signe qu’on vit dans une société qui laisse plus de place à l’hyper-sensibilité. On juge encore très négativement toute sensiblerie…et encore plus durement ce qui relève de capacités extra-sensorielles chez les enfants. C’est lié : l’hyper-sensibilité est une manifestation d’extra-sensorialité.( qui veut dire au-delà des cinq sens physiques).

Ensuite, tu parles de trouver des raisons pragmatiques à l’intelligence plus grande des gamins : je ne crois pas qu’ils soient plus intelligents au sens rationnel ou intellectuel, mais qu’ils ont une intelligence adaptée aux nouveaux vecteurs de connaissances. Une adaptation de la plasticité cérébrale aux outils de développement cognitif. Quant aux raisons pragmatiques que tu mentionnes, elles me semblent humblement illusoires :

« Enfants qui mangent à leur faim » : ils mangent trop et des produits empoisonnés aux apports nutritionnels les plus faibles qu’on ait jamais vus ;

« sont peu malades » : je ne suis pas sûre de la bonne santé de notre génération et de la suivante, en espérant que cela change dans les 20 prochaines années…

« stimulés intellectuellement » : là encore, je doute. Je ne crois pas que les tablettes tactiles avec leurs jeux stimulent véritablement la meilleure partie de la personne. Pour ne mentionner que cela.

« qui ont un accès presque illimité à l’information » : pour ma part, pareil, c’est pas forcément une aide, même si c’est une chance immense que nous avons de pouvoir tout trouver, si on sait chercher… Elle favorise le zapping, et non l’étude approfondie, l’endurance de la concentration…

Enfin, je voudrais donner un exemple plus concret si tant est que cet exemple puisse sembler concret : sur l’élévation vibratoire de la planète, dont il est aussi fait mention dans l’article.

Pour moi, elle est réelle, je la perçois et je ne suis pas la seule. Elle explique pourquoi le nombre d’enfants hyper-sensibles augmente depuis une trentaine d’années, elle explique aussi le nombre croissant de reconnexion au Soi qui s’opère actuellement, même parmi les gens qui ne sont pas hyper-sensibles à la base. Mais rien de ce qui est connu ne permet de la voir, et encore moins de l’expliquer, en tout cas pour l’instant. Comment échanger sur le sujet, le plus honnêtement possible, entre les tenants de la rationalité et les hyper-sensibles dits « connectés » ?



Thomas : Malheureusement je n'ai pas tout le temps que je voudrais pour répondre comme il faudrait... Mais :

D'une part je suis tout à fait d'accord, et il faudrait être de très mauvaise foi pour le nier, qu'il y a des phénomènes qui échappent à la science, et il y en aura peut-être (certainement ?) toujours. Mais premièrement je ne sais pas si c'est juste parce que la science ne les a pas encore compris, ou parce qu'ils se trouvent intrinsèquement en dehors de ce que l'esprit humain peut comprendre et expliquer rationnellement. D'autre part, ça n'est pas parce qu'on admet l'existence de choses non expliquées, qu'on doit avaler tout ce que disent ceux qui prétendent être témoins de tels phénomènes (apparitions, esprits tapeurs, extraterrestres, lévitation, télépathie, télékinésie, etc). Je ne dis pas que rien n'existe, mais si tout existait à la fois il y aurait beaucoup plus de monde à en être témoin !

Ensuite je serais curieux de savoir à quoi tu penses quand tu parles d'intuitions "qui contredisent fondamentalement ce qui est officiellement connu" ? Quel genre de connaissances contredisent-elles ? Ensuite je ne crois pas qu'il y ait différents types d'intuition, mais je suis d'accord qu'elles peuvent être guidées ou influencées, voire bridées, par notre schéma mental. Par exemple il est clair qu'on n'aura pas facilement d'intuitions sur les nombres premiers si on ne les a pas étudiés, qu'on n'a pas assimilé un certain nombre de vérités sur leur nature et habitué notre cerveau à ce concept. Du coup la culture influence nos intuitions. Et probablement qu'elle les bride souvent. Je ne parlerai pas du Soi car je ne sais pas exactement ce que tu entends par là, même si je pense en avoir une idée. Mais pour moi toutes les intuitions viennent juste de nous, on peut en avoir plus ou moins et des différentes en fonction de tout un tas de facteurs, notre sensibilité, notre capacité à faire des connexions, notre ensemble de croyances et de valeurs...

Et je vois très bien ce qu'est l'intelligence émotionnelle, cependant je ne suis pas d'accord pour affirmer qu'il s'agit d'une forme d'extra-sensorialité, ou du moins il faudrait que tu m'expliques dans quel sens tu l'entends, et pourquoi ce terme s'appliquerait plus à cette forme particulière d'intelligence. Parce qu'elle rend plus empathique et permet de mieux se relier aux autres ? A ce moment là chaque type d'intelligence nous donne des capacités supplémentaires et différentes en ce qui concerne notre perception et compréhension du monde, est-ce qu'on ne devrait pas juste dire que l'intelligence en général est un sixième sens ? Pourquoi se focaliser sur l'intelligence émotionnelle ? D'autant qu'on peut très bien combiner différents types d'intelligence, logique, émotionnelle, musicale, corporelle... Et il me semble qu'on est toujours, par définition, "hors norme" dès qu'une de ces intelligences est développée plus que la moyenne. Par contre je suis d'accord qu'une intelligence émotionnelle sur-développée peut probablement faire plus mal que les autres types d'intelligence dans un monde qui porte tant de malheur et d'injustice.

Quant à l'explication du fait qu'on voit plus de sensibilité chez les enfants, c'était une hypothèse comme ça... Ça peut être aussi juste le fait qu'on n'a jamais été autant à vivre de manière aussi privilégiée et à passer autant de temps à se regarder le nombril et à théoriser sur nos états d'âme (disons que c'est ma grand-mère qui parle) ;-) Quant à l'augmentation des tentatives de suicide, il est aussi possible que la perte de sens et d'espoir dans l'avenir dans notre civilsation l'explique aussi bien qu'une augmentation de la sensibilité.

Ensuite, par rapport aux raisons pragmatiques comme la santé et l'alimentation, je suis d'accord que ça dépend par rapport à quand on compare. Mais globalement, par rapport à il y a un siècle, il me semble clair que les enfants sont mieux soignés, mieux nourris, et qu'ils ont accès à toute l'information qu'ils veulent. Après bien sûr tous ne font pas bon usage de cette information, mais certains le font (j'espère plus qu'on ne le croit).

Sur l'"élévation vibratoire de la planète", je ne vois pas où il en est fait mention dans l'article. Il parle d'une "progression vibratoire de l'univers", qui me paraît tout aussi vague mais n'a pas l'air d'être la même chose à première vue. Je n'aurai pas l'outrecuidance de prétendre que les termes "élévation vibratoire de la planète" ne recouvrent aucune réalité, ni n'en ai-je l'envie (je pense en effet que beaucoup de concepts mystiques et religieux sont utilisés depuis que l'homme est l'homme pour décrire des phénomènes qu'on observe, sent ou intuite, avant d'en trouver une meilleure explication), mais j'aurais besoin d'aide pour comprendre ce que tu entends par là. Est-ce que tu parles du rythme de vie de plus en plus effréné, du fait que tous les voyants démographiques, écologiques, économiques, etc, sont dans le rouge, d'un mécontentement et d'un sentiment de perte de sens et d'espoir croissants ?



SB: Merci beaucoup Thomas pour ce passionnant échange.



Sur les phénomènes que la science ne peut expliquer, je pense et j’opte pour ta deuxième hypothèse : il existe des phénomènes qui se trouvent intrinsèquement en dehors de ce que l’esprit humain peut expliquer rationnellement. Cela n’implique pas pour autant que ces phénomènes ne puissent être « compris », mais pas scientifiquement. Tel que je vois les choses, on peut imaginer que l’esprit humain soit une immense sphère aux contours diffus, presque infinie, même sans doute infinie, et au sein de cette sphère s’en trouve une autre, plus petite, mais très grande aussi, mieux délimitée, qui est l’esprit rationnel. Cet esprit rationnel, on peut aussi le voir comme la canne blanche d’un aveugle qui permet de s’assurer d’où on met les pieds, pour avancer avec une certaine sécurité, toutefois relative. Cet esprit rationnel dont la méthode scientifique délimite les contours est hyper important. C’est vraiment notre canne blanche qui nous donne des repères dans la réalité qui nous entoure. Mais ce n’est, à mes yeux, pas plus qu’une canne blanche (je ne dis pas béquille parce que ce n’est pas une béquille, c’est bien plus important que ça). Cela veut dire qu’à l’aide de cette canne, on ne peut se confronter qu’à ce qui est de même nature, sur le chemin : ici un mur, là un trou, un ravin, un obstacle etc, etc. Et on met un pas devant l’autre avec énormément de précaution. Mais la réalité est bien plus riche et complexe que ce que notre canne nous permet d’en percevoir et je crois que ce n’est pas avec cette canne blanche qu’on pourra l’appréhender, tout bonnement parce qu’il faudrait casser la canne, ce qui n’est pas forcément pertinent car on a vraiment besoin de cette canne.



Ensuite, il y a comme tu dis une grande différence entre le fait d’admettre l’existence de phénomènes inexpliqués et le fait d’avaler toutes les histoires étranges qu’on entend. C’est à chacun de faire preuve de discernement et de sentir ce qui résonne au-delà de ce qui raisonne. Pour ma part, j’ai toujours été très sceptique à l’égard des histoires dites surnaturelles, et allergique à toute forme de mysticisme. Je viens d’un milieu athée et j’ai suivi une formation scientifique, ce qui a forcément beaucoup façonné mon mental. Je me disais que ces phénomènes étranges étaient un peu comme la partie visible d’un iceberg lointain, qui montrait bien qu’il existait plus de choses que nous ne pouvions le concevoir. Mais je m’en fichais un peu de cet iceberg car personnellement, je ne voyais aucune trace de quoi que ce soit d’étrange autour de moi. Ensuite, mon propre parcours m’a amenée à vivre une reconnexion au Soi qui a commencé il y deux ans, progressivement, pour aboutir l’été dernier. Pour schématiser un peu ce que cela fait, je reprends ma métaphore des sphères : on va dire qu’avant la reconnexion, j’étais moi aussi une toute petite sphère qui évoluait consciemment au sein de la sphère rationnelle et de temps en temps, lorsque je m’approchais d’un bord de la sphère, je distinguais très faiblement qu’il y avait autre chose au-delà du bord. Mais je me croyais « finie », bordée, et j’évoluais ainsi dans mon monde lui aussi plus ou moins délimité. La reconnexion au Soi chamboule tout ça. Pour imager, on peut dire que c’est comme si la toute petite sphère que j’étais a changé de consistance, qu’elle avait fondu, qu’elle s’était dissoute, évaporée, et qu’en même temps, les bords de la sphère rationnelle étaient devenus transparents et perméables pour se fondre, sans disparaître, dans la très grande sphère brumeuse de l’esprit en général. C’est aussi comme si j’étais devenue simultanément chaque point de l’ensemble, que j’étais partout et nulle part. J’ai du apprendre peu à peu à domestiquer ces différents degrés de conscience par la méditation et un contact très fréquent avec la nature pour construire un nouvel équilibre, ce qui n’a pas été sans mal. Ca reste un travail quotidien d’ailleurs.



Le plus important à comprendre dans cette histoire de reconnexion, c’est qu’il faut bien s’interroger sur ce qu’il y a derrière le pronom « Je » qu’on utilise sans réfléchir. Dans 90% des cas, le Je est une petite sphère limitée qui se caractérise par un nom et un prénom, une adresse, une profession, un parcours de vie, des goûts, des expériences. Et dans de plus rares cas, le Je peut être impersonnel. Comme un simple entonnoir qui canalise dans ce tout petit pronom une conscience qui dépasse les limites d’une « personne ». C’est pour cela que quand tu dis que les intuitions viennent de nous, c’est vrai et faux en même temps. Tu as tout à fait raison de dire que notre mental, notre sensibilité, notre culture façonne notre disposition à avoir des intuitions. Mais il est aussi vrai que certaines intuitions peuvent venir d’ « au-delà ». Je peux te donner un exemple. Je rencontre une personne que je ne connais pas. En un flash, j’ai toute la vie de cette personne qui m’apparaît. C’est extrêmement étrange car une vie c’est long, c’est plein d’évènements, et un flash, c’est plutôt très court. Et pourtant, cette personne n’a rien à me raconter que je ne sache déjà, intuitivement, sur elle, sur ce qu’elle est au plus profond d’elle-même. Sans avoir connaissance d’aucun détail trivial, je sens l’empreinte qu’a laissé tout ce qu’elle a vécu. On ne peut pas expliquer rationnellement ce genre de ressenti. Et si, au moment du ressenti, je choisissais de m’interroger sur le pourquoi et le comment, je perdrais la connexion. Or il est clair qu’il y a une violation de la loi de causalité. Il y a une espèce de sublimation de l’espace-temps qui donne à un flash une dimension infinie. Toute tentative de rationalisation détruirait l’objet. Tandis que si je m’oublie et me fond dans le ressenti, je peux le faire grandir.



Cet exemple illustre une forme d’hyper-sensibilité, d’extra-sensorialité, d’empathie profonde, ou d’intelligence émotionnelle comme on dit. Je ne suis pas très à l’aise avec le terme intelligence qui me semble inadapté, quoique très pratique. Il s’agit plus de sensibilité. Sensibilité logique, musicale, corporelle pour reprendre tes exemples. Là où le terme intelligence est intéressant, c’est qu’il induit l’idée d’une justesse dans la sensibilité. Il ya une adéquation entre le ressenti et l’objet qui inspire le ressenti. Une justesse qui ne peut être prouvée ou démontrée. Il se passe la même chose quand on écoute pleinement un morceau de musique, quand on contemple une œuvre d’art, quand on lit un roman. On exerce notre sensibilité sous toutes les formes qu’elle revêt. Une sensibilité multidimensionnelle ( émotionnelle, corporelle, auditive, olfactive, logique, etc). On sent qu’on touche une vérité fondamentale mais ineffable, transcendante et immanente.



Donc oui, tu as raison de dire que l’intelligence ( la sensibilité) en général est un sixième sens et bien plus encore. Mais je crois aussi que nous nous méprenons profondément sur ce qu’est une émotion. Sans trop entrer dans le détail, je dirais qu’à un certain de degré, une émotion c’est une intuition. Une émotion c’est un mouvement de sensibilité qui bouge des choses à l’intérieur de nous et qui nous révèle des parties de nous-mêmes encore méconnues. Une peur, une joie, une impatience, une colère… Ca nous apprend quelque chose sur nous. L’émotion est un véritable guide de connaissance, non pas sur le monde, mais sur nous. Quand une émotion nous traverse, il faut apprendre à ne pas la réduire à son expression première mais à s’en détacher pour voir ce qu’elle « enseigne ». C’est très compliqué. Parce qu’on a vite tendance à se réfugier dans la rationalité. Il faut trouver un équilibre … et c’est le travail de toute une vie. Ce n’est pas nombriliste que de faire cela. Au contraire. Et comme nous ne pouvons pas connaître le monde autrement que par ce que nous en percevons, il semble judicieux de commencer par se connaître mieux , afin d’épurer le plus possible nos filtres. Ce n’est là que mon point de vue. Le seul véritable objet qui soit à la portée de notre connaissance, c’est nous-mêmes, et cela n’est pas facile à admettre quand rien ne nous fascine plus que la nature qui nous entoure et que ce qu’on prend pour de l’humilité nous amène à détourner le regard de notre propre personne.



Un mot par rapport au taux de tentatives de suicide chez les jeunes : en fait, l’augmentation est surtout flagrante chez les plus jeunes, ceux qui ont 12-13 ans. C’est un âge auquel il est difficile de dire que c’est la perte de sens et d’espoir dans l’avenir de notre civilisation qui motive ce genre de gestes…



Et enfin, un mot pour répondre à ta question sur l’élévation vibratoire de la planète ou la progression vibratoire de l’univers. L’élévation vibratoire de la planète est une manifestation de la progression vibratoire de l’univers. Ce n’est pas, à mes yeux, un concept mystique ou religieux. Il ne traduit pas l’ensemble des phénomènes que tu mentionnes (voyants démographiques, écologiques, économiques dans le rouge, accélération des rythmes de vie). Ces phénomènes sont une conséquence de deux grandes causes : l’activité humaine qui dégrade la planète et la réaction de la planète à travers ses lois physiques. L’élévation vibratoire se passe à un autre niveau qu’il est compliqué de décrire. Je vais prendre une image encore très simple. Visualise la terre dans son petit coin d’espace. Notre belle grosse planète bleue. Imagine qu’elle vibre en émettant un son assez grave. Nous, petits êtres humains qui sommes à sa surface, sommes accoutumés à sa vibration et nous évoluons le plus tranquillement du monde. Maintenant, imagine que la planète commence progressivement à vibrer un peu plus vite, et que le son qu’elle émet monte en tonalité. Nous, petits êtres humains, commençons à vibrer plus forts également car la vibration passe à travers nous. Cette vibration commence à effriter un peu le sédiment qui nous constitue en tant que personnes, des petites couches de plâtre commencent à tomber. Cela nous amène à voir ce qu’il y a sous les couches de plâtre. Cela se traduit concrètement par beaucoup de prises de conscience, beaucoup d’effondrements de nos croyances, de remises en question de nos choix de vie, que ce soit à l’échelle individuelle ou à l’échelle de la société. Cela explique aussi qu’il y ait un grand nombre de reconnexion spirituelle (c’est-à-dire au Soi). Je conçois parfaitement qu’on ne croit pas à cette élevation vibratoire, qu’on ne la sente pas et ça n’est pas très important. En ce qui me concerne, depuis ma reconnexion, pour donner un exemple, pour montrer aussi comme cela peut aller loin, ce sont mes vies antérieures qui sont remontées à ma conscience, avec toutes les leçons que j’en ai tirées au fil des vies, alors que je ne croyais pas, avant cela, à l’existence de l’âme. Mais je suis bien obligée d’admettre les faits, non sans avoir résisté un temps, alors qu’ils contredisent ce qui est connu de la réalité.