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Petite épistémologie de la créativité - première partie

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samedi 25 janvier 2014

Butternut

Cela fait un bon moment que je n’ai rien dit sur ce blog et pour cause, je suis partie en vadrouille et je me suis installée dans une nouvelle vie, celle qui se résume en ces termes féériques « métro, boulot, dodo »… Il est très vrai que vivre en ville, faire un petit boulot plus ou moins intéressant et courir partout limite largement le temps de la réflexion. Il faut redoubler de motivation pour ne pas abandonner ses bonnes résolutions (les miennes étant de défendre certaines idées et d’en avoir d’autres).

Il faut donc persévérer tant que faire se peut. Si je reprends ma plume dactylographique aujourd’hui, c’est parce que j’ai envie de partager quelque chose de très simple.

Voyez-vous, j’ai trouvé près de mon nouveau chez-moi parisien, quelques boutiques qui vendent des produits bio, de saison et d’origine peu lointaine. Bien sûr, ce ne sont pas des légumes sortis tout droit de mon potager imaginaire, mais c’est déjà bien. De toute façon, il faut savoir se résoudre à faire avec ce que l’on a, car si on est trop intégriste, eh bien… on se ferme beaucoup de portes.

Me trouvant face à une magnifique courge butternut, je décidai de la mettre dans mon panier pour en faire, une fois rentrée, une énorme potée comme je les aime. Une potée de légumes de saison. Quelques navets, topinambours, panais, blettes, oignons et carottes en plus dans mon panier, et je m’en sortais pour quelques euros joyeusement dépensés ( les légumes bio en vrac ne coutent pas chers !)

Mais le meilleur reste à venir. Bien installée dans ma petite cuisine, je sors couteaux, planche et cocotte, je rince rapidement les légumes et je m’installe pour mon atelier découpe. D’abord la Butternut. C’est elle qui donne du fil à retordre. C’est à peine s’il ne faudrait pas une hache pour en venir à bout. Mais avec un peu de technique, on la met en petits morceaux comme elle mérite de l’être. Je n’épluche ni ma butternut, ni les navets, ni les carottes, ni mes topi ( les topinambours sont tellement bons, malgré leur forme biscornue que d’aucun qualifierait de peu avenante).

Je n’épluche que le panais qui est très fort en goût, et les oignons bien entendu. Si j’avais pris des pommes de terre, je ne les aurais pas épluchées non plus. Je n’en ai pas pris, d’ailleurs, par simple mauvaise volonté : eh oui, on en mange tellement et partout, comme si elles avaient le monopole du légume de saison, pas cher et facile à cuisiner, qu’on en oublie tous les autres légumes ! C’est pour cela que je leur tourne parfois le dos. Par contre, si j’avais pris des légumes non bio, je les aurais tous épluchés.

Au fil de la découpe, je chipe quelques morceaux de navets crus dont j'ai découvert il y a peu, qu'ils étaient juste excellents même sans être épluchés. C'est un peu comme du radis et il n'ont pas l'amertume qu'on veut bien leur prêter par habitude.

Dans une grande cocotte au fond de laquelle règne un fond d’eau, je jette les légumes au fur et à mesure de leur passage sous la lame. Plus ils sont coupés petits, plus la cuisson sera rapide et comme j’aime bien découper, je découpe généralement assez petits. C’est peut-être le moment que je préfère, être tranquillement posée à ma table et m’occuper de ces drôles de choses appétissantes et colorées. J’ai toujours trouvé qu’il y avait beaucoup de noblesse dans ces gestes simples qui sont à la base de la vie : prendre le temps de préparer son repas, parce que manger est "radical", dans le sens de racine, racine de la vie si l'on veut, et les racines, c'est bon en potée.
Si on prend le temps de les regarder, tous ces légumes, on esquisserait presque un sourire tant il y a de variétés de formes, de couleurs et de goûts.

Une fois la compagnie rassemblée dans la cocotte qui chauffe à feu doux, on ajoute un peu d’eau, histoire de faire baigner le tout dans un minimum de consensus. J’ajoute quelques feuilles de blettes, une petite poignée de lentilles, une tranche de lard coupée en petits morceaux, une branche de thym, une pincée de gros sel et je laisse l’ensemble mijoter quelques heures, sans couvrir ou en couvrant à peine. De temps en temps je rajoute un verre d’eau. On peut mettre beaucoup d’eau comme pour une soupe et on peut même en faire une soupe, mais dans mon cas, je n’en mets pas beaucoup, juste le nécessaire pour que les saveurs puissent se mélanger tout en restant concentrées.

Ce qui est agréable avec cela, c’est que tout l’appart se rempli d’une odeur tellement douce qu’elle en réchauffe le cœur de tous les habitants.

L’idée, c’est aussi de mettre assez peu d’épices dans la tambouille pour rester au plus près des saveurs originelles. Du sel et une branche de thym, ou bien un peu de coriandre, ou de la sauge, mais en soupçon, c’est tout, juste pour dire.

Quelques heures plus tard, je mixe le tout si j'en ai envie. Il se peut qu'à force de remuer régulièrement, on n'ait pas besoin de mixer davantage, c'est selon.

Ce qu’il faut savoir et que je me suis bien gardée de dire, c’est que ma potée d’hiver a un goût doucement sucré. La butternut, les carottes, les oignons, le panais et les topi, tout cela donne une excellente touche de châtaigne qui, à moi, me donne l’impression d’être à la montagne, dans une petite maison vieillie bordée de neige, avec un feu qui brûle dans la cheminée, les pieds au chaud dans de grosses chaussettes de laine. Mon enfance. Pourtant, ce ne sont pas mes parents qui cuisinaient la butternut ! Eux, c’était la pomme de terre…

Tout cela étant dit, ce sur quoi je souhaite insister, c’est l’importance de consacrer du temps à préparer ses repas, même occasionnellement, faire simple avec les produits de la saison.

C’est tout, mon propos ne va pas plus loin. Pour l’instant.


Pour qui cela intéresse, dans ma tambouille qui est délicieuse, j'ai mis:
- une butternut entière
- 3 gros navets
- 5 petits topinambours
- 2 carottes
- 3 tiges et feuilles de blettes
- une petite poignée de lentilles vertes
- le tiers d'un gros panais
- 3 fines tranches de lard coupées en lardons
- 4 oignons moyens
- une pincée de ci
et une pincée de ça.

Voilà une bien grosse tambouille, me direz-vous. A quoi je répondrai oui, il m'en restera pour le petit déjeuner.

Post scriptum: si vous êtes motivés, je vous parlerai de ma salade d'automne "Haricots verts - Abricots frais" dans son jus de clémentine...