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jeudi 2 novembre 2017

Sortie au Lac

Bien que je me sois levée tôt ce matin, je n'étais pas très en forme. Sûrement flottante dans le sillage brumeux de la veille, où j’avais bu un peu de vin et m’étais couchée tard. J'ai vraiment du me forcer pour me préparer et rejoindre Virginie. Mais j'avais fait des souhaits à mon réveil pour obtenir une aide quelle qu'elle soit de mes guides invisibles, et l'invitation au Lac était clairement cette aide que j'avais sollicitée. Il était hors de question de décliner cette proposition.
Donc j'ai enfilé un pantalon de sport, un t-shirt, un sweet, fourré deux trois affaires dans un sac à dos et je suis montée rejoindre Virginie chez elle pour 13h.
Je marchais lentement comme si j'étais vidée de toute énergie, ce qui était de toute évidence le cas, et je m'observais ainsi, avec beaucoup de douceur et une pointe de dérision: "ohh la pôoovre choupinette, comme elle est petite dans ce vaste monde... Bouh comme c'est dur pour elle ..." et je rigolais de moi car je réalisais combien tout était simple et magnifique, combien il était agréable de marcher paisiblement sous le doux ciel de midi chauffé par un soleil généreux.
Je me réjouissais d'aller voguer sur le lac. L'air extérieur me guérissait à chaque pas.

Je suis arrivée chez Virginie et nous avons pris un café ensemble accompagné de Gingembre confit, de quoi redonner un peu d'énergie au corps. Du moins une illusion d'énergie, ce qui revient au même. Et puis nous avons chargé le canoë gonflable dans la voiture et nous sommes chargées nous-mêmes dans le véhicule.

Virginie aussi était dans une drôle d'humeur, avec des rêves étranges, des synchronicités perturbantes, des insomnies, des maux de tête, bref... Le lac était une nécessité tant pour l'une que pour l'autre, et nous étions ravies de pouvoir partager cela ensemble car nous sommes toutes les deux assez sportives (hum hum^^) et n'avons pas beaucoup de gens de nos entourages réciproques qui soient partant pour nous accompagner dans nos pulsions de nature.

Donc on apprécie de partager ces tranches de vie ensemble.
On s'est garée au Grand port, tout au bout du grand port, près de la petite plateforme rose au bout d'une jetée, où je viens faire du Qi gong de temps en temps.
On a gonflé le bateau sur un débarcadère à proximité, puis tout chargé à bord (surtout un thermos de tisane de murier ainsi que quelques fringues chaudes dans un sac étanche) et on s'est mise à l'eau en relevant le bas de nos pantalons.




C'est là que ça a commencé à devenir drôle, même si on avait déjà bien rigolé avant cela (car j'ai beaucoup d'humour).

L'idée - tout à fait réalisable de prime abord- était de traverser le lac pour approcher la côte sauvage. Je l'avais déjà fait en canoë ...
Et là, impossible de tenir un cap. Impossible. On ramait en cadence, attentives à l'angle de pénétration de la rame dans l'eau, à notre position l'une par rapport à l'autre.... le canoë tournait en rond....
C'était surréaliste.
On s'est battu contre l'adversité des forces de la nature, en pagayant trois coups à gauche puis un à droite... puis deux à droite, un à gauche... trois à droite, quatre à gauche... puis, épuisées, après avoir constaté qu'on faisait du surplace, on a revu notre objectif à la baisse et on s'est rabattu sur une plage sauvage à... 10 mètres de notre position. Il n'a pas été simple de l'atteindre.



Arrivée à proximité de la plage, un peu isolées, nous avons rentré les rames et décidé de nous laisser porter par le flux, puisque apparemment on s'évertuait en vain à aller dans une direction qui ne voulait pas de nous.
On s'est détendue sur le bateau, laissant des doigts traîner à la surface de l'eau, à siroter notre tisane, se faire dorer par le soleil, et dériver avec silence et douceur sur l'eau divine. Quelle joie alors avons-nous ressenti, quelle paix, quel bien-être! On était libre. On savourait l'instant présent qui saisissait chacune des cellules de notre corps pour leur dire: " Réveille-toi, petite cellule, réveillez-vous! Vous êtes en Vie, ici et maintenant! Allez debout !".
Plus rien ne nous préoccupait. On était détendue, avachie un peu l'une sur l'autre, à écouter le clapotis du lac, les battements d'ailes de quelques oiseaux qui s'envolaient, et à rire aussi.

C'était tellement bon de lâcher tout objectif, de se laisser dériver, de se détendre, de profiter d'être sur l'eau, tout simplement, sans aller nulle part. On a bien vite fait le lien avec la Vie, et compris le message que cette sortie en eau vive nous enseignait. Toujours là, bienveillant, ce message de Lâcher, s'abandonner, pour Etre, au présent, au cœur de la vie de la nature, et la laisser entrer en nous pour nous remplir de son énergie. Nous guérir.

C'était une bénédiction et je bénis le Lac pour l'Amour qu'il déploie.

Après une bonne heure à la dérive, nous avons estimé judicieux de commencer à pagayer un peu pour nous rapprocher du débarcadère qui finalement s'était bien éloigné de nous.
On s'est bien concentré et nous sommes parvenues à destination de façon presque honorable... et complètement trempées. Sans pantalon de rechange... Le froid était vraiment saisissant une fois arrivées à terre car le soleil était passé de l'autre côté de la montagne et l'eau, eh bien, n'était pas chaude.
Je n'ai pas trop hésité à me mettre en culotte et à virer mes fringues pour m'envelopper dans une serviette assez microscopique, et Virginie a fait de même, si bien que nous avions fière allure sur le chemin qui menait à la voiture. Et sur le chemin qui menait de la voiture à chez moi. En serviette dans la rue. J'ai beaucoup rigolé et Virginie aussi.
Ca nous a fait beaucoup de bien de nous retrouver pour partager en toute complicité et toute confiance, et en toute belle amitié, cette douce dérive existentielle à la surface de l'eau vive.

Voilà. Je souhaitais partager cette petite tranche de vie. Avec légèreté et profondeur.

Vive la nature, vive l'amour.
Y revenir.
Y revenir encore et toujours.
C'est elle qui nous sauve de nous-mêmes à chaque fois qu'on s'en remet à elle.
La mer, la montagne....
Y revenir et s'en remettre.