Au gré de quelques lectures transversales choisies un peu au
hasard, comme cela, pour s’occuper l’esprit, je croisai, pas plus tard qu’hier,
un mot.
Il a fait tilt et je l’ai aimé de suite. Faisant fi des
nombreux mots qui le précédaient et des nombreux autres qui lui succédaient, je
le sortais, lui seul, de son fleuve littéraire pour le prendre avec moi.
Je vous le présente fièrement : « étantité ».
Je sais, ce n’est pas un mot commun dont la signification vient comme une
évidence. Ce serait presque un mot neuf, un des néologismes que les aventuriers de la Pensée savent si bien
inventer pour faire tenir un édifice conceptuel, comme un mathématicien postule
une nouvelle variable pour faire tenir une équation.
« Étantité ». Tout d’abord, il se prononce. Je veux
dire, il est une sensation, comme un goût dans la bouche. Moi, j’aime bien le
T. Je trouve que c’est une lettre solide, un peu comme un arbre. Il est fiable.
Et puis le « an » a quelque chose d’étendu, de presque infini
(presque, n’exagérons pas, il y a un « a » dans ce « an »
et le « a », tout le monde le sait, est bien trop clair et simple
pour côtoyer les choses trop envolées).
« Étantité », c’est un bruit aussi. Déjà, il
commence à évoquer d’autres mots : identité, étanchéité, étang, quantité,
immensité…
Il y a quelque chose d’aquatique (plus que d’aqueux) dans l’étantité.
Par son bruit, par les mots qu’il évoque. Vous ne sentez pas un petit air iodé
dans le sillage de l’étantité prononcée ? Ne sommes-nous pas déjà au bord d'un petit étang sauvage?
On peut s’en rapprocher un peu si vous le souhaitez. Je veux
dire, s’en rapprocher, de l’étantité et non du bord de l’étang.
De loin, notre mot est intriguant et plein de promesses, alors allons-voir un peu plus près… juste un peu.
De loin, notre mot est intriguant et plein de promesses, alors allons-voir un peu plus près… juste un peu.
C’est bien cela. Plus on s’en approche, plus il se diffuse.
Il se refuse à la préhension mentale. Il
joue et se montre aguicheur, il se dérobe, mais qu’à cela ne tienne. C’est une
ontologie et les ontologies sont toutes diffuses. Et même infuses.
L’étantité, c’est une façon d’être dans l’étant (c’est une façon d’être dans les temps ; c’est une façon d’être dans l’étang…).
L’étantité, c’est une façon d’être dans l’étant (c’est une façon d’être dans les temps ; c’est une façon d’être dans l’étang…).
C’est une ontologie détendue, étendue, une ontologie prélassée,
nonchalante. Comme être étendu, détendu, au bord d’un étang.
L’étang du jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire