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Petite épistémologie de la créativité - première partie

(Sous-titre provisoire: De la contrainte nécessaire.) Une des choses qui font de l’Homme un être vraiment étonnant est sa capacité à in...

samedi 24 novembre 2012

Échelles de perception




"Nous ne percevons de la réalité qui nous entoure que ce qu'il nous est nécessaire d'en percevoir afin d'interagir avec celle-ci pour y vivre, y évoluer"

Voici le postulat principal auquel je suis arrivée. De celui-ci, beaucoup de choses découlent.

Alors expliquons-nous.

1 - Comme toute espèce animale sur notre planète, nous avons des facultés qui sont propres à la nôtre. Des facultés physiques (le toucher, l'odorat, l'ouïe, le goût, la vue)  et des facultés mentales (la conscience réflexive, la raison (petite machine à analyser les informations, en déduire des interprétations, qui s'agite à tout ordonner dans des cases). Nous dirons que ces facultés constituent nos 6 sens fondamentaux. 

2 - L'univers est composé de plus de 80 % de matière qui nous est inconnue car nous n'avons pas les instruments conceptuels adaptés à leur appréhension. De la même manière que nous ne pouvons remonter avant le mur de Planck dans l'étude de la formation de l'univers, avant "l'apparition du temps".

3- Pourquoi affirmons-nous que l'univers a des lois qui se plient à notre entendement? N'est-il pas possible que les lois physiques soient un aspect du fonctionnement et que d'autres aspects nous échappent? Les scientifiques sont à la recherche d’une force unique dont les 4 forces fondamentales en seraient des manifestations. Pour trouver cette force, le principal obstacle à franchir est de rejoindre la physique quantique et la physique classique dont les postulats  les excluent l’une l’autre. Nous avons donc l’intuition que les choses sont reliées mais nous sommes incapables de le comprendre scientifiquement.

4 - Si une fourmi pouvait philosopher sur le monde qui l'entoure, nous ne reconnaîtrions rien de ce qu'elle décrit, pas même un brin d'herbe, pas même la fourmi.

5 - Tout, absolument tout ce que nous avons à notre portée conceptuelle s'inscrit dans un mouvement que nous appelons temps. 
Nous ne pouvons nous extraire physiquement du temps pour prendre ce dernier en objet d’étude tout comme il est très compliqué d’étudier une maison dans son ensemble quand on est enfermé dans la chambre d’ami.
La matière évolue dans le temps, dans un mouvement presque chorégraphié, ce qui forme ce que nous appelons la dimension spatio-temporelle, notre cadre de référence.

6 - Les choses matérielles, les corps physiques sont composés d'atomes et de particules quantiques sans cesse en mouvement, obéissant à des forces d'attraction- répulsion (force électrofaible; nucléaire forte, électromagnétisme). La forme d'une table nous apparaît telle parce que nous la voyons à une certaine échelle qui nous permet, d’ailleurs, d'utiliser cette table pour y poser d'autres objets. Nous ne somme pas capables avec nos seuls sens de voir les particules en constante interaction. Par contre, notre échelle nous permet d'être entourés de matière avec laquelle nous pouvons interagir, construire des maisons.

7 - Le spectre électromagnétique est une échelle de fréquences. Nos yeux sont des capteurs effectifs à une certaine fréquence – celle de la lumière ingénieusement dite « visible ». D’autres récepteurs peuvent capter des fréquences micro-ondes ou ultraviolettes. L’interprétation que nous fabriquons depuis nos perceptions façonne tout l’édifice de notre connaissance, la connaissance de ce qu'est le monde « pour nous », quelque part entre l’objectif et le subjectif, entre le « en soi » et le « pour soi ».

8 – La méthode scientifique (hypothético-déductive, inférences ampliatives, a contrario et toutes les génuflexions dont notre esprit raffole)  nous a permis de voir bien au-delà des apparences. Se peut-il que toutes les choses passées à travers le prisme de notre Raison soient simplement elles-aussi à notre portée et masquent tout un monde que nous ne pouvons percevoir ? Et ce malgré tous nos efforts ?

9  - Il importe de relativiser le monde que nous percevons car nous ne pouvons pas savoir tout ce qui échappe à nos sens, aussi fascinants que soient ces derniers.
N'avons-nous pas cru trop longtemps que le soleil tournait autour de l'une terre supposée plate pendant des siècles? Ne croyons-nous pas qu'un objet lourd tombe plus vite sur le sol qu'un objet léger? Nous savons que ce n'est pas le cas: la terre est ronde et tourne autour du soleil. Deux objets de masses différentes chutent à la même vitesse sous l'effet de la gravitation si l'on soustrait l'effet du frottement de l'air. Nos sens ne nous trompent-ils pas suffisamment souvent dans ce qu'ils perçoivent?

10  – Nous nous méprenons sur notre place dans le monde. Nous ne sommes ni poussières, ni dieux. Nous sommes formidables et formidablement arrogants.

11 -  Nous nous percevons en tant qu’individus particuliers parce que nous ne voyons pas ce qui nous lie les uns aux autres.

12 -  La nature est magnifiquement ordonnée, agencée et nous pouvons lui faire confiance. Malheureusement, nous ne lui faisons pas confiance. 

13 - La rationalité étouffe le bon sens.

14 – Nous devrions davantage faire confiance à notre intuition, notre instinct.

15 – Et si notre cerveau ne fonctionnait qu’à 10% de ses capacités parce que la rationalité se serait développée  au détriment d’autres fonctionnalités cérébrales ? Et si la méditation, l’introspection, la contemplation, la concentration et que sais-je étaient des pratiques permettant d’accéder à une forme de connaissance toute aussi réjouissante que l’exercice de la Raison ?

16 – L’homme pense qu’il doit se protéger de son environnement. La progression de la pensée rationnelle s’est faite au détriment de l’écoute à l’ « extérieur à soi », au détriment de la sensibilité, de l’intuition et de l’instinct. En se rationalisant  la pensée s’est renfermée. Par autoréflexion, elle se contemple et s’admire elle-même en pensant l’homme supérieur à son environnement.

17- L’intuition est une immanence. C’est peut-être le seul moyen que nous ayons pour nous extraire de la temporalité, donc de notre dimension spatio-temporelle. Pourrait-il s’agir de notre 7ème sens ?

18 – Si l’on fait des choses avec enthousiasme plutôt qu’avec crainte, les choses se passent bien.

19 - Il est plus naturel d’embrasser la vie que d’en avoir peur.

20 - L'avancée de nos connaissances devrait nous inciter à plus d'humilité face à l'immensité de notre ignorance.

Nous percevons de notre environnement ce qu'il nous est nécessaire d'en percevoir afin d’interagir avec celui-ci pour y évoluer.

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