Nous sommes des êtres étranges. Hébergés dans un corps que
nous méconnaissons, - ce n’est pas parce que la biologie décrypte une grande
partie de notre fonctionnement que nous connaissons notre corps- nous résumons
bien souvent le Soi, à la « conscience d’être », c’est-à-dire à ce
qui se passe dans notre tête. Depuis des siècles, nous en sommes venus à
distinguer le corps et l’esprit comme deux entités distinctes que le
cartésianisme illustre parfaitement.
Nous avons la sensation que tout se passe dans notre tête,
siège de l’interprétation de nos perceptions ; il n’est donc pas
surprenant que nous en ayons déduit que notre pensée est toute puissante, que
notre corps n’est que le médium de notre animalité duquel il importe de se
détacher.
Nous savons cependant que notre disposition mentale influe
directement sur le fonctionnement de notre corps : un moral bas et le
corps est plus réceptif aux petits maux. Un danger surgit et nos forces sont
décuplées.
Une devise très courante mériterait d’être considérée avec
moins de légèreté. Un esprit sain dans un corps sain. En effet, si les liens
sont intimement plus étroits entre notre corps physique et notre pensée, nous
avons beaucoup à gagner à ne négliger aucune des parties.
Consacrer quelques minutes par jour à fermer les yeux pour
sentir son corps, réapprendre à s’émerveiller de la manière mystérieuse dont il
fonctionne, sans relâche, dont il se répare alors que nous le maltraitons si
souvent, son incroyable résistance, son adaptation, son soutient indéfectible
alors même que nous n’y prêtons aucune attention.
C’est pourquoi je crois qu’il est important d’apprendre à
connaître la formidable petite machine de vie que nous sommes. Apprendre à la
connaître non pas via le prisme de notre raison ou de données accumulées dans
les bouquins, mais par la sensation, une
perception intime de soi, intuitive et introspective, suivant une démarche
altruiste. Aller à la rencontre du corps étranger que nous sommes.
Le corps et l’esprit
qui définissent ce que chacun de nous est, fonctionnent ensemble, en équipe, se
soutenant, embarqués tous les deux dans une même aventure. Il est dans notre
devoir de prendre soin au mieux de ce que nous avons, la seule chose que nous
possédions vraiment, notre corps et notre pensée, notre être, qui va bien
au-delà de ce que notre perception rapide nous donne à croire trop simplement.
Il
faut apprendre à se connaître, à se sentir, à avoir pleine conscience de tous ces
organes qui nous composent et travaillent sans cesse à se maintenir en vie. Sentir
ses muscles, les faire travailler comme ils le réclament, prendre le temps de s’alimenter
correctement. Si l’on cherche à être à l’écoute attentive de son organisme, il
nous fait comprendre ce dont il a besoin.
Commencer par ces petites choses
fondamentales permet simplement d’être bien avec soi-même. C’est ce que l’on
peut appeler le début du bonheur.
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