J’ai regardé les Noces Rebelles hier, film de Sam Mendes
dans la veine d’American Beauty qui est aussi un superbe film, soit dit en
passant.
Les Noces Rebelles, je ne connaissais pas du tout. Je ne
savais pas, au moment où j’ai commencé à le regarder, qu’il était du même
réalisateur qu’American Beauty, et encore moins qu’il traitait un peu du même
sujet (à savoir une critique des mœurs de la classe moyenne américaine).
Après les premières minutes de ce film, voyant que le couple
de l’histoire se déchire terriblement, je me lève pour éteindre la télé, bien
consciente qu’un drame sentimental est la dernière chose qu’il me faille voir en
ce moment. Mais j’attends quand même un peu : si le film commence aussi
mal pour les personnages, ça va forcément aller mieux, auquel cas je ferais
mieux de regarder.
En effet, un peu plus loin dans le film, les deux jeunes
mariés prennent une décision surprenante : ils vont tout laisser tomber,
maison, boulot, amis, pour aller vivre une vie qui ait du sens, se donner les
moyens de prendre le temps, les moyens de faire des choses intensément, trouver
leur voie, explorer leur richesse intérieure, etc.
Lui : « - Mais
qu’est-ce que j’ai de si exceptionnel qui vaille la peine que je le
cherche ?
Elle : - Tu es
la chose la plus merveilleuse au monde : tu es un homme. »
Évidemment, ce genre de réplique ne peut pas me laisser indifférente
et je me dis à ce moment du film que c’est absolument fantastique. S’ils
partent à la poursuite de leur rêve et envoient tout balader, cela veut dire
que c’est possible et qu’il y a de l’espoir.
Je me rassois dans une confiance inconfortable, espérant
voir la suite que je souhaite voir, mais tout de même légèrement sceptique. J’ai
beau avoir confiance en la vie et être enthousiaste, je sais que rien ne se
passe jamais comme on le souhaiterait…
A ce moment-là, je
partais pour voir le film dans son intégralité. Quelque soit l’évolution,
heureuse ou triste, je ne couperais pas l’histoire puisque je venais d’y
associer une question existentielle toute personnelle.
En effet, précisons sans nous appesantir sur la question,
que j’ai récemment fait quelques choix de vie qui s’apparentent au « allons
en Europe vivre une vie qui ait du sens ! » du film. Je m’accroche de
toutes mes forces à l’espoir qu’il est possible de mener une existence honnête
envers soi-même, à l’espoir que si l’on se donne les moyens de se connaître et
se trouver, on pourra éventuellement s’épanouir et vivre intensément, quitte à
ce que, pour que cela se fasse, il faille mener une vie allant à contre courant
de la norme. Pourtant, tout autour de moi tend à me convaincre du contraire. Surtout
ces jours-ci ou mes espoirs sont terriblement mis à mal.
Si je parle aujourd’hui de ce film, les Noces Rebelles,
c’est parce qu’il a réussi à anéantir tous mes espoirs, à ne laisser qu’un vide
insipide au fond de mon cœur ou de ma tête, le truc qui fait qu’on sent et
qu’on comprend.
Ce film est d’une justesse incroyable. Il est horriblement
vrai.
Quelle insolence que de croire que la vie est faite pour
être menée intensément. Quelle inconscience de chercher le sens que sa propre
existence peut avoir. La vie est faite pour être traversée tête baissée,
discrètement, en faisant le moins de vague possible, en respectant toutes les
règles pour être agréable aux autres. Les rêves ne sont que des poisons qui
entretiennent un espoir qui sera nécessairement déçu. Il vaut mieux les ignorer
et le plus tôt est le mieux. Toute confiance, tout enthousiasme, tout rêve d’amour
véritable, tout cela n’est voué qu’à être dévasté, brûlé, piétiné, et pas
forcément par les autres mais aussi, simplement, par les évènements, le cours
de la vie…
Ce film fait écho à de nombreux discours qui me sont répétés
depuis des années, notamment par mes parents, qui me le répètent encore, et que
je m’évertuais alors à ne pas écouter. « Ne pas être normale c’est une
folie, une maladie et la vie se chargera de te le faire comprendre. »
Maintenant je l’entends très clairement.
C'est tellement rassurant de voir les rêveurs se casser la gueule et agoniser dans leur désespoir.
C'est tellement rassurant de voir les rêveurs se casser la gueule et agoniser dans leur désespoir.
Ce n’est pas la première fois que je me prends la réalité en
pleine figure. J’ai toujours continué à avancer, cependant, même très
lentement, voire de plus en plus lentement. Aurai-je aimé être différente et
avoir d’autres attentes de la vie : bien-sûr, mais je ne peux pas changer.
Alors, comme notre chère April dans le film, j’ai bien peur
de ne voir qu’une issue possible. A moins qu’une fois de plus, encore une fois,
une petite étincelle s’embrase à nouveau, un petit espoir… Mais pour l’instant,
je ne vois rien se profiler à l’horizon.
Je suis curieuse de voir si je vais m’en sortir cette
fois-ci.
La vie quotidienne et ses petits et gros tracas peuvent ruiner un amour qui se croit fort, un intellect qui n'est plus sollicité que par la tâche qu'impose son travail ou sa vie de famille.
RépondreSupprimerMais les "grands sentiments", purs, vrais, entiers, sont possibles, et traversent ces journées plus ou moins banales. C'est ça qui en fait la force. C'est peut-être du romantisme naïf et utopiste mais j'y crois et il faut se dire que le bonheur n'est pas UNE situation, mais une suite de petits signes qu'il faut savoir attraper au vol et s'approprier. C'est comme ça que je vois (et que je veux voir) les choses, sinon ça sert à quoi de vivre ? L'otpimisme n'est pas mon fort mais je crois aux belles choses.