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Petite épistémologie de la créativité - première partie

(Sous-titre provisoire: De la contrainte nécessaire.) Une des choses qui font de l’Homme un être vraiment étonnant est sa capacité à in...

mercredi 28 décembre 2016

Ani-mal

Voici un post un peu fâcheux qui va à l’encontre des bons sentiments de circonstance en cette période de fêtes. Il s’agit une fois de plus d’une petite vidéo qui témoigne de notre rapport aux animaux. Les images ne sont vraiment pas agréables, c’est clair. Mais c’est pourtant comme ça que ça se passe. Et ce n’est pas un abattoir. Je vais me permettre de donner mon avis personnel sur cette question qui me semble vraiment très importante, à savoir, la façon dont on traite le vivant dans notre société qui se veut évoluée. Que ce soit les milliards d’animaux d’élevage menés à l’abattoir chaque année, ou ceux qui sont tués pour leur peaux, comme dans cette vidéo, que ce soit les arbres que l’on abat à tour de bras, ou bien les peuples qu’on laisse mourir sous les bombes ou qu’on laisse mourir de faim, il est quand même bien difficile de croire que nous respectons le vivant. Or, il y a une citation qui dit, de façon très pertinente à mes yeux, que le degré d’évolution d’une société se mesure à l’aune de la manière avec laquelle elle traite les animaux, donc le vivant en général (au-delà de nos semblables humains, tant il semble acquis qu'une société évoluée ne tolère pas la mise à mort de ses propres congénères, mais passons). Cette citation fait partie des milliers de citations bien tournées qu’on lit un peu partout sur le web, qui suscitent vite fait un acquiescement mental et puis qu’on oublie complètement quand on est devant la vitrine d’une boutique de fringues ou devant le rayon boucherie d’un supermarché. Personnellement, je ne comprends pas comment on peut se vanter de notre avancée technologique, de notre développement esthétique, de notre raffinement occidental, gastronomique, vestimentaire, urbain, intellectuel, etc… quand on sait que le socle sur lequel repose notre « richesse » est une industrialisation hypermassive de la mort. Mon propos, ici, n’est pas de susciter la colère ou d’entretenir l’impuissance ou la victimisation, toutes trois hypermassives elles-aussi, surtout en France où on est les champions de la victimisation, mais plutôt d’encourager un « dessillement » que je voudrais, pour le coup, hypermassif… Qu’on prenne conscience. Je ne pense pas exagérer quand je compare notre façon industrielle de traiter le vivant à la façon dont on a exterminé des millions d’êtres humains pendant la seconde guerre mondiale dans des chambres à gaz. Le nœud du problème, pour moi, c’est l’industrialisation. Ce procédé massif repose forcément sur l’inconscience, nourrie elle-même par une opacité sur le fonctionnement dudit procédé. On ne tue plus un animal en conscience et dans le respect, comme on pouvait le faire jusque dans les années 50 et comme cela se fait encore ici et là, mais on en tue des milliards sur des chaînes de montage. On abat les arbres par milliers à la cadence d’un essuie-glace. On jette près du tiers de ce que l’on cultive sous pesticides, enfin bref. La nature et le vivant sont réifiés, chosifiés, exploités, comme du plastique, sacrifiés sur l’autel de notre toute- puissance rationnelle, habillée d’une blouse blanche dans les couloirs aseptisés des laboratoires et des centres de recherche. On piétine la vie. On la dissèque, on la synthétise. On la fait en mieux. Pour l’exemple, je voudrais citer un fait qui me touche de près et qui concerne l’herboristerie : en 1941, on a supprimé le diplôme d’herboriste en France car on jugeait dépassé le fait de se soigner par les plantes… Aujourd’hui, il est illégal d’être herboriste. La pharmacie est devenue seule légitime en la matière. La science, qui se voulait à l’origine être connaissance inconditionnelle du vivant, est devenue majoritairement exploitation du vivant. Heureusement cependant que certains scientifiques restent fidèles à leur vocation originelle.


L’industrialisation repose sur l’inconscience, le détachement, la rupture du vivant. Il est temps de déssiller, oserai-je dire. Alors le dire, me direz-vous, c’est bien beau, mais que faire ? Concrètement ? Eh bien encore une fois, c’est par notre consommation responsable que nous pouvons agir. TOUT REPOSE SUR NOUS, LES CITOYENS. Il ne s’agit pas de devenir végétarien ou végan, absolument, mais de développer notre responsabilité, de cesser d’être dans le déni et la facilité qu’entretiennent les médias mainstream comme la télé et notre éducation. Il s’agit de consommer moins et consommer mieux, sur la base d’une information qu’on accepte de prendre en considération et d’intégrer profondément et quotidiennement, aussi dure que soit cette information, même si elle bouleverse notre confort mental, sans succomber pour autant au sentiment d’impuissance et de dégoût que cette information est susceptible d’engendrer. La solution existe et elle réside dans les termes «consommer local, naturel, de saison, et avec modération », que ce soit pour l’alimentation, les fringues, les babioles ou que sais-je. Chaque acte de consommation devrait répondre à la question : qu’est-ce que je cautionne en achetant cela ? Pensez aussi que tout ce qui relève des nouvelles technologies repose sur l’exploitation de ressources minières très rares et précieuses. Les scientifiques dénoncent tous les jours les méfaits causés par l’utilisation outrancière des écrans et des technologies sans fil, en tartinant des lignes sur le délitement du lien social que cela engendre, sur le ralentissement du développement cognitif chez les enfants, etc… Les méfaits de la sédentarité causés par notre engouement pour le moindre effort rendu possible par ces mêmes technologies qui nous font miroiter une sorte de puissance. Mais nous ne sommes pas puissants. Nous sommes inconscients et nous passons à côté de l’essentiel. La consommation de masse et les concepts surfaits de croissance et de richesse ont annihilé notre capacité naturelle d’empathie envers tout le vivant non-humain, empathie qui se trouve canalisée dans les séries télé, au mieux, quand elle n’est pas tout bonnement étouffée sous les élans d’un égo narcissique que notre éducation nourrit démesurément en nous faisant croire que c’est en devenant quelqu’un de socialement établi dans le système qu’on a « réussi », que c'est en portant un sac Louis Vuiton ou un montre Rolex qu'on est un humain de valeur. On ne veut plus « s’écouter » car tout ce qui vient de nous, de notre spontanéité émotionelle sont des atermoiements primitifs qui nous éloignent de la réalité, des rêves d’enfants, des utopies, des folies, et l’on devient prétendument réaliste en tuant notre élan intérieur. Le plus beau doigt d’honneur qu’on puisse faire à cette société meurtrière, c’est de choisir de devenir soi, de reprendre les reines de son existence, de mettre de la conscience dans ses actes de consommation, de recouvrer sa souveraineté, de dire non à tout ce système, silencieusement avec son porte-feuille, de dire non haut et fort en partageant les informations qui nourrissent la prise de conscience, de développer des relations humaines avec ses collègues et ses amis qui soient sincères quitte à perdre la face auprès de certains, dans la bienveillance, dans la conscience, dans le respect de ses convictions, d’être cohérent entre ses pensées et ses actes, au quotidien. Beaucoup de mes amis et même ma famille proche sont, comment dire, parisiens ou dans le système, et ils doutent profondément du fait que les choses puissent changer. Ils sont défaitistes, faiblement enjoués de temps à autres, et ils s’interdisent d’être joyeux quand ils pourraient l’être car tout est trop moche et triste, et c’est trop tard, on peut rien faire, qu’ils disent. Mais beaucoup de mes amis sont de l’autre côté et voient quotidiennement que les choses changent à une vitesse inespérée, notamment parce que leurs sources d’information ne sont ni la télé ni la radio. Alors peu importe votre optimisme ou votre pessimisme, les choses bougent et elles vont s’accélérer dans le bon sens. Ce qui importe, c’est de déssiller, d’agir, de changer un peu sa façon de vivre au quotidien en acceptant de croire, au-delà du sentiment d’impuissance qu’on ressent forcément aujourd’hui, que ça peut changer, même si on ne voit rien. Chaque acte de consommation consciente et responsable a un impact beaucoup plus important que le fait de voter aux élections. On consomme plusieurs fois par jours et on ne vote qu’une ou deux fois de temps en temps… Les politiques sont beaucoup plus impuissants que nous, population. Il faut bien le comprendre, ça. La consommation est l’acte politique par excellence. Peu importe les discours et les mesures politiques. On peut choisir de soutenir, même à demi mot celui qui y croit pour dix, en achetant chez le producteur local qui veut bien faire, même s’il nous vend des betteraves et qu’on aime pas ça, ou bien on peut choisir de dénigrer ces producteurs et de rester dans nos schémas de consommation habituels en allant acheter des tomates en plein hiver à Carrefour, parce qu’on croit pas que quoi que ce soit puisse changer et parce que le progrès, c’est justement de pouvoir manger des tomates en plain hiver… Mais non, les amis. Le progrès, c’est pas ça. Le progrès se juge à l’aune des conséquences globales… Le respect du vivant, c’est le critère de l’évolution. La conscience et la souveraineté de nos actes, c’est le critère du véritable progrès. C’est notre consommation qui cautionne aujourd’hui la société que l’on veut voir advenir demain pour nos enfants. Une consommation consciente et responsable, modérée, locale, naturelle, respectueuse du vivant et de ses rythmes. La consommation, - ou la non-consommation ! - c’est notre arme la plus puissante. Puissions-nous l’utiliser tous de concert, juste pour voir ce qu’on est capable de faire, à notre niveau. Faisons-le juste pour voir. :)
Détermination, enthousiasme et protection du vivant. Réjouissons-nous car il y a beaucoup à faire et beaucoup à inventer. Et il n’est pas trop tard.
Regardez cette vidéo si besoin est, elle est dure mais elle illustre notre façon de concevoir le vivant, sur laquelle repose notre système. Ce n'est pas une exception, une atrocité isolée. LVMH reconnaît avoir travaillé officiellement avec la société vietnamienne ici dénoncée, jusqu'en 2014...

Agissons.

1 commentaire:

  1. Voici la réponse de LVMH suite à la diffusion des images:
    "Bonjour Mr Mondialisation,
    L’information diffusée par PETA depuis le 22 décembre concernant les relations du groupe LVMH avec des fermes de crocodiles au Vietnam est une information erronée.

    Le groupe LVMH et ses fournisseurs ont définitivement cessé de travailler avec les fermes évoquées par PETA depuis 2014.
    Les pratiques évoquées par PETA sont en totale contradiction avec les principes et règles du groupe LVMH.

    PETA était informée de l’ensemble de ces éléments avant la diffusion de sa vidéo."

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