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mardi 5 novembre 2013

Noces Rebelles



J’ai regardé les Noces Rebelles hier, film de Sam Mendes dans la veine d’American Beauty qui est aussi un superbe film, soit dit en passant.

Les Noces Rebelles, je ne connaissais pas du tout. Je ne savais pas, au moment où j’ai commencé à le regarder, qu’il était du même réalisateur qu’American Beauty, et encore moins qu’il traitait un peu du même sujet (à savoir une critique des mœurs de la classe moyenne américaine).

Après les premières minutes de ce film, voyant que le couple de l’histoire se déchire terriblement, je me lève pour éteindre la télé, bien consciente qu’un drame sentimental est la dernière chose qu’il me faille voir en ce moment. Mais j’attends quand même un peu : si le film commence aussi mal pour les personnages, ça va forcément aller mieux, auquel cas je ferais mieux de regarder.

En effet, un peu plus loin dans le film, les deux jeunes mariés prennent une décision surprenante : ils vont tout laisser tomber, maison, boulot, amis, pour aller vivre une vie qui ait du sens, se donner les moyens de prendre le temps, les moyens de faire des choses intensément, trouver leur voie, explorer leur richesse intérieure, etc. 

Lui : « - Mais qu’est-ce que j’ai de si exceptionnel qui vaille la peine que je le cherche ?
Elle : -  Tu es la chose la plus merveilleuse au monde : tu es un homme. »

Évidemment, ce genre de réplique ne peut pas me laisser indifférente et je me dis à ce moment du film que c’est absolument fantastique. S’ils partent à la poursuite de leur rêve et envoient tout balader, cela veut dire que c’est possible et qu’il y a de l’espoir.

Je me rassois dans une confiance inconfortable, espérant voir la suite que je souhaite voir, mais tout de même légèrement sceptique. J’ai beau avoir confiance en la vie et être enthousiaste, je sais que rien ne se passe jamais comme on le souhaiterait…

 A ce moment-là, je partais pour voir le film dans son intégralité. Quelque soit l’évolution, heureuse ou triste, je ne couperais pas l’histoire puisque je venais d’y associer une question existentielle toute personnelle.

En effet, précisons sans nous appesantir sur la question, que j’ai récemment fait quelques choix de vie qui s’apparentent au « allons en Europe vivre une vie qui ait du sens ! » du film. Je m’accroche de toutes mes forces à l’espoir qu’il est possible de mener une existence honnête envers soi-même, à l’espoir que si l’on se donne les moyens de se connaître et se trouver, on pourra éventuellement s’épanouir et vivre intensément, quitte à ce que, pour que cela se fasse, il faille mener une vie allant à contre courant de la norme. Pourtant, tout autour de moi tend à me convaincre du contraire. Surtout ces jours-ci ou mes espoirs sont terriblement mis à mal.

Si je parle aujourd’hui de ce film, les Noces Rebelles, c’est parce qu’il a réussi à anéantir tous mes espoirs, à ne laisser qu’un vide insipide au fond de mon cœur ou de ma tête, le truc qui fait qu’on sent et qu’on comprend.

Ce film est d’une justesse incroyable. Il est horriblement vrai.

Quelle insolence que de croire que la vie est faite pour être menée intensément. Quelle inconscience de chercher le sens que sa propre existence peut avoir. La vie est faite pour être traversée tête baissée, discrètement, en faisant le moins de vague possible, en respectant toutes les règles pour être agréable aux autres. Les rêves ne sont que des poisons qui entretiennent un espoir qui sera nécessairement déçu. Il vaut mieux les ignorer et le plus tôt est le mieux. Toute confiance, tout enthousiasme, tout rêve d’amour véritable, tout cela n’est voué qu’à être dévasté, brûlé, piétiné, et pas forcément par les autres mais aussi, simplement, par les évènements, le cours de la vie…

Ce film fait écho à de nombreux discours qui me sont répétés depuis des années, notamment par mes parents, qui me le répètent encore, et que je m’évertuais alors à ne pas écouter. « Ne pas être normale c’est une folie, une maladie et la vie se chargera de te le faire comprendre. »

Maintenant je l’entends très clairement.

C'est tellement rassurant de voir les rêveurs se casser la gueule et agoniser dans leur désespoir.

Ce n’est pas la première fois que je me prends la réalité en pleine figure. J’ai toujours continué à avancer, cependant, même très lentement, voire de plus en plus lentement. Aurai-je aimé être différente et avoir d’autres attentes de la vie : bien-sûr, mais je ne peux pas changer.

Alors, comme notre chère April dans le film, j’ai bien peur de ne voir qu’une issue possible. A moins qu’une fois de plus, encore une fois, une petite étincelle s’embrase à nouveau, un petit espoir… Mais pour l’instant, je ne vois rien se profiler à l’horizon.

Je suis curieuse de voir si je vais m’en sortir cette fois-ci.

1 commentaire:

  1. La vie quotidienne et ses petits et gros tracas peuvent ruiner un amour qui se croit fort, un intellect qui n'est plus sollicité que par la tâche qu'impose son travail ou sa vie de famille.
    Mais les "grands sentiments", purs, vrais, entiers, sont possibles, et traversent ces journées plus ou moins banales. C'est ça qui en fait la force. C'est peut-être du romantisme naïf et utopiste mais j'y crois et il faut se dire que le bonheur n'est pas UNE situation, mais une suite de petits signes qu'il faut savoir attraper au vol et s'approprier. C'est comme ça que je vois (et que je veux voir) les choses, sinon ça sert à quoi de vivre ? L'otpimisme n'est pas mon fort mais je crois aux belles choses.

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