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Petite épistémologie de la créativité - première partie

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mercredi 16 janvier 2013

Tous philosophes


Je réédite mon article du 12 nov.12 et je suis encore assez d'accord avec moi-même ;)


Une grande chorégraphie

Nous sommes devenus des paresseux. Mais comment ne pas le devenir quand nous vivons dans un monde qui nous pousse à l’être. Alors même qu'à l’école on nous enseigne maladroitement à nous ouvrir sur tant de connaissances afin de développer notre esprit critique, une fois devenus adultes nous n’avons guère le choix : il nous faut rentrer dans les cases que notre société a construites pour assurer sa pérennité. Devenir adulte c’est se résigner à trouver sa place dans la grande chorégraphie, bien la suivre pour recueillir les applaudissements de ses pairs. Ainsi, nous ne prêtons plus attention à la musique, nous ne questionnons pas l’ordre des pas de danse ; nous exécutons ce que l’on attend de nous.

Cela fait-il de nous des paresseux pour autant ? Parce qu’ils s’agitent drôlement ces quelques milliards d’êtres humains…  Eh bien oui, nous sommes paresseux, dans une certaine mesure.

Dans la mesure où nous ne nous posons plus de questions. Dans la mesure où nous ne cherchons plus les réponses par nous-mêmes. Toujours empêtrés dans nos contradictions, nous voulons comprendre mais nous n’avons pas le temps. Nous voulons savoir mais nous avons peur de savoir. Nous voulons nous différencier des autres, superficiellement, en étant plus semblables que nos pairs – en exécutant mieux la chorégraphie.

Nous sommes tous semblables et tous différents : tous semblables dans notre condition, tous différents dans ce que nous faisons de ce que nous sommes.

Nous contournons ces contradictions en cherchant des repères et des références autour de nous, dans le passé, dans ce que le temps a valorisé. Peut-être devrions-nous chercher en nous-mêmes ?

La divinisation des penseurs

Les hommes ont une propension incroyable à se jeter à bras ouverts dans la pensée de ceux qui font le travail pour nous. Ainsi Socrate, Jésus, Siddhârta, Aristote, Moïse, Confucius et tant d’autres sont-ils divinisés, « starisés ». Nous avons érigé les fruits de leur réflexion en Vérité, indétrônable, intransigeante, unique, intolérante et intolérable. N’est-il pas inquiétant de voir à quel point nous nous disputons leur parole, comme un petit bout de couverture, trop petit pour tous nous réchauffer, alors que nous pourrions fabriquer d’autres couvertures ?  Produire de la pensée nouvelle.
2000 ans après le Christ, nous avons inventé la physique quantique mais nous sommes encore trop frileux pour remettre en cause la divinité archaïque des fondements de notre pensée judéo-chrétienne.

Ces hommes, ces penseurs, nos semblables, ont ouvert leur esprit, partagé, communiqué ce qu’ils avaient en eux après s’être longuement interrogés sur notre condition. Jamais ils n’ont cherché à ce que leur personne prenne le pas sur leurs idées. Leur ambition n’est autre que la soumission de leurs idées à leurs semblables pour alimenter la pensée humaine. Leur génie ne fait pas de ces hommes des surhommes, encore moins des dieux. Comme cela arrive tous les jours, partout dans le monde et dans tous les domaines, ce sont des hommes qui font très bien ce qu’ils savent faire, des pionniers dans le domaine de l’éveil des consciences.

Nous sommes alors fascinés par leur compétence que les siècles ont amenée jusqu’à nous, confirmant ainsi la profonde valeur heuristique de leur réflexion. Nous ne leur disons pas simplement merci pour l’exemple qu’ils sont, pour l’hommage qu’ils rendent à leur humanité, mais nous les désenchantons en nous mettant à leur genoux, eux qui ne cherchaient qu’à nous élever, nous pervertissons leur pensée en ne cherchant pas à la comprendre, en en faisant un enjeu politique de pouvoir. Tout ce qu’ils nous exhortent à faire, c’est réfléchir, s’ouvrir et être à la hauteur de ce que nous sommes.

L'universalité du bon sens

Nous ne pouvons pas tous être Philosophes et refaire le monde chaque jour. Mais nous pouvons tous faire l’effort de remettre en question des idées, de réfléchir aux raisons qui nous animent, et nous sommes très nombreux à faire déjà ces efforts. C’est ainsi que l’on apprend à se connaître, que l’on découvre ce que l’on veut sincèrement et honnêtement faire de son existence, sans nuire à ses semblables, sans nuire à notre environnement.

Qu'est-ce que la philosophie : l’art de poser les bonnes questions. Certes, mais encore ?

L’effort de se poser les questions les plus simples qui sont aussi fondamentales et commencent souvent par Pourquoi…  La science répond à certaines de ces questions, mais pour le reste que l’on appelle métaphysique, qu’avons-nous ? La foi apparemment, la philosophie sûrement. La philosophie qui nous apprend à gérer l'absence de réponses. 
Se poser des questions, c’est une chose. Trouver des débuts de réflexion en est une autre. L’important dans ce travail, est de chercher à transcender les idiosyncrasies qui gouvernent notre pensée. Pour cela il faut s’intéresser à notre culture, notre système de valeurs, ses origines, son histoire, lire les romans de nos contemporains, de nos ancêtres, les comprendre puis s’en détacher.

Aborder ces questions avec désintérêt individualiste, avec ouverture et enthousiasme, apporte des débuts de réponses. Partout sur notre petite planète, ces réflexions prendront nécessairement des expressions différentes mais seront semblables dans le fond. On peut  découvrir dans les idées profondes qui animaient les plus grands philosophes, une fois gratté le vernis culturel des époques qui les ont vu naître, l’universalité du bon sens.

1 commentaire:

  1. la "starisation" actuelle, vient en fait plus de notre mode de vie.
    Je me suis essayé à un essaie inachevé sur le sujet...

    Résumé ainsi : l'idolatrie existe depuis longtemps, c'est un phénomène qui permet l'identification à un sur moi, un référant ultra ( perçu comme ultra lucide ). Pendant longtemps, ces idoles furent des Dieux, ou demi dieux. Maintenant, les média permettent de sacraliser n'importe qui. Pas le temps de développer plus...
    Mais pour ce qui est de l'être humain faignant, j'ai découvert qu'en jetant la tv, on gagne en temps de vie, on fait plus ( c-a-d qu'on est beaucoup plus acteur de sa vie ! ).
    La TV est un poison... Mais c'est un autre débat.

    www.piergynt.com

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