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Parce que j'aime bien faire des liens entre des choses improbables, voici comment je passe par l'entropie pour défendre la création de lien social.
Voici un exemple sur la façon dont nous pourrions nous
inspirer de la « nature » pour repenser nos relations.
Dans la nature, il apparaît qu’aucun système n’est vraiment
clos sur lui-même. Les scientifiques en laboratoires créent de toute pièce des
systèmes clos pour valider ou infirmer leurs hypothèses. De tels systèmes ne
sont que des extrapolations. Ils sont un moyen développé pour tenter de
comprendre quelque chose.
Nous parlons d’éco-système et d’adaptation des espèces
vivantes à leur milieu. Nous observons les intéractions.
Nous comprenons que pour survivre, un être vivant reçoit des
informations sur son environnement et il les interprète pour adapter son
comportement. Une information peut être interprétée comme la présence de nourriture ou la présence d’un
danger.
Aucun organisme n’est hermétiquement clos sur lui-même. D’un
point de vue ou d’un autre, il y a toujours intéraction.
La seconde loi de la thermodynamique définit le principe
d’entropie. Ce principe physique a été repris pour être appliqué à
l’information en général.
Voilà ce qu’il dit : il y a perte d’information,
dégradation de l’information dès qu’un système n’est pas clos sur lui-même.
Voici l’exemple le plus couramment donné : dans une pièce où la
température est de 0 degré Celsius nous faisons couler de l’eau chaude, à 50
degrés Celsius, dans une baignoire.
Considérons que la pièce froide est un premier système,
considérons que la baignoire est un second système.
Il va y avoir échange d’information entre l’air froid de la
pièce et la chaleur dégagée par l’eau chaude. Ainsi, la température de la pièce
va augmenter progressivement à cause de la source de chaleur que représente la
baignoire. De même, au contact de l’air froid, l’eau de la baignoire va se
rafraichir.
Chacun des deux systèmes perd de son information. Au final,
on dit que l’entropie est créatrice de désordre. Comme on constate que les
systèmes ne sont pas clos dans la nature, on est tenté de penser qu’avec le
temps, tout se dégrade et tout tend vers un désordre. On est tenté de croire
que le simple fait d’échanger de l’information nuit à l’information même.
Or le désordre que l’on croit voir n’est un désordre que
d’un certain point de vue. C’est un désordre dans le sens où l’ordre établit se
désorganise pour former quelque chose qui n’a pas de sens à nos yeux. Ce n’est
pas un désordre avec la connotation négative que le terme peut impliquer.
On peut être tenté de forcer les systèmes à se clore
davantage sur eux-mêmes, mais ce n’est que de manière illusoire.
On est aussi tenté de se fier à ce que nos yeux nous
montrent au quotidien : des organismes, des objets indépendants les uns
des autres. Et on peut voir dans ces interprétations une des sources de
l’individualisme. Un être humain n’est pas conscient des milliers
d’intéractions qui s’opérent chaque seconde entre son organisme et l’extérieur.
Il en déduit que l’extérieur n’a pas grande d’importance. Il en déduit que les
autres n’ont pas grande importance non plus si ce n’est pour tirer profit
d’échanges matériels où culturels avec ses pairs.
Au final, moins on a d’échanges avec l’autre, moins on a de
chance d’être perturbé dans sa tête ou dans son corps. Moins on a d’échanges,
moins on a d’expérience, plus on reste dans une forme d’ignorance.
Les échanges virtuels à la mode ne remplacent pas les
échanges naturels entre personnes. Tout un tas de petites informations passent
inconsciemment entre deux personnes lorsqu’elles sont l’une en face de l’autre.
Et ce n’est pas parce que ces petites informations sont inconscientes qu’elles
sont dérisoires. Bien au contraire.
Il y a davantage à gagner dans l’ouverture à l’autre,
quelque soit le potentiel conflictuel qui puisse en dépendre, que dans la
restriction de ses contacts avec l’extérieur. Les murs des villes qui
repoussent toujours plus loin les petits coins de verdure sont eux-aussi une
forme de cloisonnement nuisible.
L’extérieur c’est l’autre ; l’extérieur c’est le vert.
Le conflit et le désordre sont le résultat d’échanges. Ils
sont transitoires et ne doivent pas être évités à tout prix. Avec le temps,
toute chose trouve sa place et les ordres se font et se défont sans qu’il
faille avoir peur. Cela peut paraître évident, mais de toute évidence, ça ne
l’est pas assez.
On l’entend partout depuis des années, il faut recréer du
lien social. Eh bien c’est vrai, c’est urgent et c’est indispensable. Ce
devrait être une priorité. Un lien social à favoriser est celui des
« circuit-court » : s’intéresser à ce qui se passe dans son
quartier, utiliser les services de proximité, consommer local, parler à ses
voisins, prendre des nouvelles des personnes âgées, que sais-je.
Le désordre n’est pas forcément le contraire de l’ordre ou
l’absence d’ordre. C’est une transition, c’est un ordre différent. Tout ordre
reposant sur une forme d’harmonie, là aussi il ne faut pas se laisser tromper
par nos sens qui favoriseront un type d’harmonie par rapport à un autre.
La question de l’harmonie est une autre question. Elle
inspire elle aussi bon nombre de réflexions sur notre comportement.
A suivre !
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