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mardi 13 novembre 2012

La peur atavique

Si l'on pouvait se permettre des raccourcis dans l'explication du dysfonctionnement de notre société, eh bien je me permettrais de résumer les choses ainsi.
La peur est ce qui nous a principalement motivés dans l'histoire de notre évolution.

Une peur du danger.
Le danger de ce qui menace notre existence.
Aux premières heures de l'espèce humaine, il nous a fallu nous protéger.
Pour nous protéger, il fallait étudier le danger.
Nous avons étudié et nous nous sommes protégés.
C'est ainsi que nous avons façonné un monde plus sécurisé pour l'homme.

Les limites de notre ignorance ont été repoussées, sans cesse, si loin qu'au final nous avons perdu de vue l'étendue de ce qu'il en restait pour nous glorifier de nos connaissances.

La peur atavique est cependant toujours bien encrée dans nos caboches. Elle explique notre intolérance face à la différence, notre besoin de nous réfugier dans les idéologies fondatrices, notre nécessité à nous accrocher à tout ce que nous avons bâti.

Je ne peux m'empêcher de considérer que ce qui nous lie est tellement plus fort que ce qui nous différencie, tous, les uns les autres, à travers le temps et l'espace.Nous sommes tous fondamentalement égaux face à la nature de notre condition. Nous craignons, au final, les mêmes choses. Nous ne comprenons pas ce que nous faisons sur cette terre, nous refusons de n'être que des animaux errants sans but, - pourquoi avoir conscience de tant de choses s'il n'y a pas de but?-, nous ne savons pas et ne saurons jamais ce qu'il y a après la vie... Nous avons donc peur.

Et s'il n'y avait pas de quoi avoir peur?

Nos voisins sont nombreux à penser les choses autrement. Il ne s'agit pas de quitter une croyance pour en adopter une autre - je pense au bouddhisme, par exemple- mais il s'agit de faire ce travail de questionnement, un travail sur soi, avant tout. Essayer de concevoir cet incroyable fait que nous sommes faits des mêmes atomes qui composent l'univers et qui existent depuis le mur de Planck. Concevoir que nous n'avons rien inventé et tout transformé, au final.
Mais le plus important, quand on observe la marche de la nature, depuis ces milliards d'années, c'est d'accepter que la vie trouve toujours un moyen de persister - conatus- , que ce qui précède la naissance et succède à la mort n'a rien d'effrayant. De toute façon, nous ne savons pas ce qu'est la vie puisque nous ne pouvons la définir autrement que par rapport à la mort dont nous ignorons tout, si ce n'est qu'elle est absence de vie là où il y avait vie. Nous ne la définissons que par ses manifestations, son fonctionnement biologique. C'est vrai, alors, qu'il est compliqué d'être quand on ne sait pas vraiment ce qu'on est.

Cependant, l'inconnu ne doit pas être source de méfiance, d'appréhension tout au plus. Il n'y a pas de justice ou d'injustice, ni de fatalité, de morale, il n'y a que du vivant. Un individu est à la fois une poussière parmi des milliards et un trésor unique.

Je ne suis pas nihiliste; je pense simplement qu'il faut mettre notre mode de vie en perspective, prendre du recul, cesser de nous croire plus forts que nous ne le sommes face aux éléments, découvrir les pensées des anciens, des autres que nous appelons "primitifs" - les Trobriandais que Malinowski a étudiés, par exemple- et essayer de nous fier d'avantage à notre environnement plutôt que de chercher à le dominer. Pour vivre plus en harmonie avec notre planète.

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